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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 06:33

 

http://www.elysee.fr/president/root/bank_objects/T6-19_1271771149.jpgDes faits inacceptables se sont produits ces derniers mois en Seine Saint-Denis faisant du département francilien un symbole de la lutte sans merci que le Président entend mener contre l'insécurité.

En déplacement à Bobigny et à Tremblay-en-France, le Président a réaffirmé sa volonté de voir la sécurité, premier des droits républicains, garantie partout de jour comme de nuit afin que le département de Seine Saint-Denis puisse se transformer en pôle de croissance et de modernité. « Les habitants de la Seine Saint-Denis ont le droit d'étudier, de travailler, de sortir de chez eux, de vivre dans les même conditions de sécurité et de tranquillité ».

Plusieurs enjeux devront être relevés pour parvenir au rétablissement de la sécurité dans tout le département :

Renforcer la coordination entre tous les acteurs de la sécurité :

Il est indispensable que tous les acteurs de la sécurité continuent leur mobilisation sous l'autorité du préfet de police, du préfet de département et du procureur. La coordination entre la police et la justice doit être renforcée et étendue autour d'objectifs communes tels que la sécurisation des transports urbains, la lutte contre le trafic de drogue, les violences urbaines, et les affrontements entre bandes rivales.

Améliorer la sécurité dans les transports :

Face à la dégradation de la sécurité dans les transports, la mobilisation générale des acteurs de la sécurité en région parisienne doit être réaffirmée. Toutes les solutions pratiques doivent être mises en œuvre. La question de l'extension de la vidéo protection est essentielle. De même, les communications entre les conducteurs d'autobus et la police doivent être améliorées.

Amplifier la guerre contre les trafiquants :

L'Etat est en train de porter des coups extrêmement sévères aux trafiquants. Un plan de lutte contre la drogue, demandé en octobre dernier au ministre de l'Intérieur est désormais en place. L'objectif est de frapper au cœur de l'économie parallèle qui gangrène les quartiers. 50 inspecteurs des services fiscaux ont été affectés dans les cités françaises, 7 en Seine Saint-Denis. Les opérations coups de poings dans les cités sensibles et le ratissage systématique des quartiers rongés par le trafic de drogue seront poursuivis. Le Président a réaffirmé toute sa détermination à combattre le trafic de drogue. « La République ne se laissera pas intimider par des lâches et des voyous. Que ce soit bien clair : je ne céderai jamais face au chantage et aux violences urbaines ».

Prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter efficacement contre la violence en milieu scolaire :

De nombreuses mesures ont été prises ces dernières mois pour lutter contre la violence en milieu scolaire ou à proximité des établissements. La coordination entre les chefs d'établissement et les policiers référents doit se poursuivre et s'amplifier. Par ailleurs de nouvelles mesures sont en préparation pour lutter contre la violence en milieu scolaire.

Poursuivre la lutte menée contre les bandes violentes :

La lutte contre les bandes violentes est un enjeu décisif de la politique de sécurité. La loi anti-bande, issue d'une proposition de loi du député Eric Ciotti, est entrée en vigueur le 2 mars dernier. Ce texte permet de sanctionner d'un an de prison le seul fait d'appartenir à une bande violente et de trois ans en cas de circonstance aggravante comme le port d'arme ou la dissimulation du visage. La loi anti-bande s'est déjà appliquée dans plusieurs affaires. Elle a notamment permis le démantèlement de bandes en provenance de Houilles qui avaient l'intention de s'affronter à la défense.

Amplifier le développement de la vidéo-protection :

La vidéo-protection est une solution efficace qui a fait ses preuves pour la lutte contre l'insécurité, autant sur le plan de prévention que sur le plan de la répression. L'effort dans ce domaine sera poursuivi pour arriver à 800 caméras sur le département d'ici à deux ans. Il est essentiel d'équiper les sites les plus sensibles, dans les établissements scolaires et les quartiers difficiles ainsi que les autobus des lignes exposées à la violence.

La police d'agglomération est une réussite qu'il faut mieux faire connaître :

Il importe de mieux faire connaître à l'opinion publique les avantages et les réussites de la police d'agglomération qui a profondément transformé l'organisation policière de la petite couronne et permis la démultiplication des opérations coups de poings à l'échelle de l'agglomération en particulier dans le cadre du plan drogue. Le Président souhaite la poursuite de la mise en place de police d'agglomération à Lille, à Lyon et à Marseille.

 

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 16:32

Prononcé le 2 septembre 1973 à l'occasion de l'inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Gilioli sur le Plateau des Glières.

M. le Président de la République se déplace en Haute-Savoie, sur le Plateau des Glières pour rendre hommage à Tom MOREL et # ...

 

"Je parle au nom des Associations des Résistants de Haute-Savoie et de l'Ordre de la Libération. En mémoire du général de Gaulle, pour les survivants et pour les enfants des morts.

Lorsque Tom Morel eut été tué, le maquis des Glières exterminé ou dispersé, il se fit un grand silence. Les premiers maquisards français étaient tombés pour avoir combattu face à face les divisions allemandes avec leurs mains presque nues, non plus dans nos combats de la nuit, mais dans la clarté terrible de la neige. Et à travers ce silence, tous ceux qui nous aimaient encore, depuis le Canada jusqu'à l'Amérique latine, depuis la Grèce et l'Iran jusqu'aux îles du Pacifique, reconnurent que la France bâillonnée avait au moins retrouvé l'une de ses voix, puisqu'elle avait retrouvé la voix de la mort.

L'histoire des Glières est une grande et simple histoire, et je la raconterai simplement. Pourtant, il faut que ceux qui n'étaient pas nés alors - et depuis, combien de millions d'enfants ! - sachent qu'elle n'est pas d'abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l'entendirent sur les ondes brouillées, c'est qu'ils y retrouvèrent l'un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang.

Peu importe ce que fut dans la Grèce antique, militairement, le combat des Thermopyles. Mais dans ses trois cents sacrifiés, la Grèce avait retrouvé son âme, et, pendant des siècles, la phrase la plus célèbre fut l'inscription des montagnes retournées à la solitude, et qui ressemblent à celles-ci « Passant, va dire à la cité de Sparte que ceux qui sont tombés ici sont morts selon la loi ».

Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. Comme tous nos volontaires depuis Bir-Hakeim jusqu'à Colmar, comme tous les combattants de la France en armes et de la France en bâillons, nos camarades vous parlent par leur première défaite comme par leur dernière victoire, parce qu'ils ont été vos témoins.

On ne sait plus guère, aujourd'hui, que tout commença par un mystère de légende. Le plateau des Glières était peu connu; presque inaccessible, et c'est pourquoi les maquis l'avaient choisi. 
Mais alors que nous combattions par la guérilla, ce maquis, à tort ou à raison - peut importe: la France ne choisit pas entre ses morts ! - avait affronté directement la Milice, allait affronter directement l'armée hitlérienne. Presque chaque jour, les radios de Londres diffusaient : " Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute-Savoie. "La Haute-Savoie, c'était les Glières.

Pour les multitudes éparses qui entendaient les voix du monde libre, ce plateau misérable existait à l'égal des Balkans. Pour des fermiers canadiens au fond des neiges, la France retrouvait quelques minutes d'existence parce qu'un Savoyard de plus avait atteint les Glières. 
La Milice de Darnand, les troupes italiennes, la police de l'Ovra, n'avaient pas suffi pour venir à bout de ces combattants toujours regroupés. Hitler y mit la Gestapo, et contre nous, la Gestapo pesait lourd. La Gestapo ne suffit pas.

En janvier 44, les maquis de l'Ain sont harcelés par trois divisions. Ceux de Haute-Savoie reçoivent l'ordre de se regrouper ici, au commandement du lieutenant Tom Morel, décoré en 40 pour l'un des plus éclatants faits d'armes des unités alpines. La montée commence. Les accrochages aussi. Le 13 février, les messages codés de la BBC annoncent le premier parachutage. 
Voici la nuit. Le champ - pauvre champ - est éclairé par cinq torches électriques et des lampes de poche. On n'entend pas les avions. On n'entend rien. Jusqu'à ce que les sirènes antiaériennes d'Annecy emplissent lentement la nuit. Bon augure : les avions approchent. Mauvais augure : ils sont repérés. On allume les quatre énormes bûchers de sapin préparés. Le bruit des moteurs. Le premier avion, invisible, fait clignoter son signal. Le bruit s'éloigne. La neige, le flux et le reflux des sirènes dans la nuit préhistorique. Pas encore d'ennemis, plus d'amis. Mais sur le ciel noir, apparaissent un à un, éclairés en roux par les feux du sol, cinquante-quatre parachutes. 
Pas d'armes lourdes.

Tant pis. Les accrochages reprennent. Le 9 mars, cent hommes des Glières vont attaquer Entremont pour délivrer des prisonniers. Après deux heures et demie de descente, ils atteignent le village qu'alertent les chiens. Village conquis, prisonniers délivrés, 47 gardes, prisonniers à leur tour, montent ici, tirant un monceau d'armement. Tirant aussi le corps de Tom Morel, tué par le commandant des gardes capturé, à qui il avait laissé son revolver.

Le maquis enterre son chef. Et entend, bouleversé, le glas de toutes les églises monter de la vallée comme montait l'appel des sirènes pendant le parachutage. Ici, le drapeau claque dans les rafales de neige, sur ce que Tom Morel appelait «le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ». 
Le mot " Non ", fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. Toutes les plus hautes figures spirituelles de l'humanité ont dit Non à César. Prométhée règne sur la tragédie et sur notre mémoire pour avoir dit Non aux Dieux. La Résistance n'échappait à l'éparpillement qu'en gravitant autour du Non du 18 juin. Les ombres inconnues qui se bousculaient aux Glières dans une nuit de Jugement dernier n'étaient rien de plus que les hommes du Non, mais ce Non du maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars, le compagnon de Jeanne et d'Antigone... L'esclave dit toujours oui.

Les gardes de Vichy attaquent au Sud, du côté de Notre-Dame, pour délivrer les leurs, et sont repoussés. Le combat s'achève à peine lorsque la BBC transmet le message : " Le petit homme casse des tessons de bouteille. " Avant minuit, trente quadrimoteurs larguent 90 tonnes de matériel. 
Quand un avion allemand vient en reconnaissance, la vaste neige est encore constellée de parachutes multicolores : le ramassage n'est pas terminé. Le lendemain, trois Heinkel bombardent et mitraillent à loisir le plateau redevenu innocent. Sans grands résultats. Sauf celui-ci : les Allemands savent désormais que le maquis ne possède pas d'armes antiaériennes. Donc cinq jours plus tard, Stukas et Junkers. Chalets transformés en torches. Le capitaine Anjot remplace Tom Morel au commandement des Glières. Nouvelle attaque des gardes, de nouveau repoussée. Le 23, bombardement massif. Les Allemands prennent le commandement. Une division alpine de la Wehrmacht arrive à Annecy. 
Assistée de deux escadrilles de chasseurs et de bombardiers. Police allemande, Milice vichyste. L'artillerie divisionnaire, les automitrailleuses.

En face, le maquis dont nous attendons, heure après heure, que la radio de Londres nous parle. Entre tant de Français à l'écoute, pas un ne sait que ce maquis est un fantôme. Moins de cinq cents combattants. 
L'armement qui attend leurs compagnons ne comprend que des armes légères. Contre l'artillerie divisionnaire allemande et les automitrailleuses, par un canon, pas un bazooka. Plus de ravitaillement. 
Autour, vingt mille hommes.

Le premier grand combat du Peuple de la Nuit s'engage. Écoutons les dépêches allemandes : 
" Le 24 - Terroristes font sauter train renforts allemands devant Annecy - Attaque Milice au-dessus d'Entremont. Sentinelles espagnoles tuées - Rejointes par groupes terroristes - Milice engagée deux heures stop - Troupes Milice regroupées à l'arrière. " 
" Le 25 - Préparation artillerie et bombardement aviation. " 
" Le 26 - Attaque Milice ouest et nord-ouest. Troupes regroupées - Attaque allemande nord stoppée, envoyez aviation - Nos mortiers mis en place - Attaque Milice et garde de réserve deux points ouest depuis cinq heures - Attaque générale 11 heures. " 

Ils attaquent, en effet, de tous côtés.

L'avant-poste de la passe d'Entremont - dix-huit hommes - est attaqué par deux bataillons. Deux sections de renfort atteignent la passe. Le premier fusil-mitrailleur s'enraye. Le second est détruit, son servant tué. L'un des deux chefs de section, Baratier, a l'impression d'être seul à tirer: il ignore qu'il survit seul. Il se replie en continuant à combattre, est pris à revers et tué. Il défendait la passe depuis une heure et demie. 
Les maquisards, qui se rabattent vers le centre, reçoivent plus vite les munitions, et tiennent. Pourquoi l'ennemi s'enfouit-il dans la neige ? Dix minutes plus tard, commencent les piqués ininterrompus des Stukas, serrés comme des fers de herse. La nuit va descendre. Le capitaine Anjot combat devant les tombes de Morel et de Descours. L'aviation s'en va, remplacée par le pilonnage méticuleux de l'artillerie. Il fait nuit. 
Le 27 au matin, les troupes allemandes de l'est touchent le poste de commandement du maquis, commencent le feu. En face, des cris allemands, poussés par leurs camarades de l'ouest. 
Les maquisards ont disparu.

Ils connaissaient bien ce terrain, que les Allemands ne connaissaient pas du tout. Anjot a convoqué les chefs de section, et ils ont décidé de décrocher. 
Pendant que toute la Résistance, à l'écoute, attend le pire (chacun sait maintenant que les Glières n'ont ni canons ni avions), des chaînes de fantômes qui se tiennent par la main dans la nuit pour pouvoir relever leurs blessés lorsqu'ils tombent, traversent l'anneau discontinu des troupes d'assaut. Encore leur faut-il arriver jusqu'aux agglomérations de la vallée, où leurs camarades que l'on appelle les sédentaires leur donneront asile. 
Le jour se lève.

Alors, commence la grande trahison de la neige.

Ces insaisissables fantômes dont les Allemands ne rencontraient que les balles et ne trouvaient que les cadavres, sont partis avec la nuit." La petite aube dissipe les spectres ", dit le proverbe espagnol qu'un des miliciens de l'Ebre cite au capitaine Anjot. Ces ombres, hélas ! sont devenues des traces. Les Allemands cherchent le gros du maquis réfugié dans quelque abri de montagne, car ils croient combattre quelques milliers d'adversaires. Mais nombreuses ou non, les traces mènent aux hommes, et les sections ennemies occupent les pentes. Le lendemain, le capitaine Anjot et les six Espagnols qui combattent avec lui sont tués. De ce qui fut l'épopée des ombres, il ne restera le jour venu que 121 cadavres tués entre les villages, exécutés sur les places ou torturés à mort. " Inutile de reprendre l'interrogatoire des blessés, télégraphie la Gestapo: ces débris sont vides. "

C'est l'heure des représailles. Les paysans suspects de contacts avec le maquis sont exécutés ou déportés, et l'on reconnaît les hameaux, la nuit, aux torches des chalets qui flambent. 
Pourtant, si les torturés sont vides, la Résistance ne l'est pas encore. Le premier chef est mort, le second chef est mort; les rescapés organisent d'autres maquis, rejoints par des jeunes de plus en plus nombreux. Le gros des unités allemandes est appelé en Normandie. Le 1er mai, les maquis les plus .proches reviennent manœuvrer sur ce plateau où ils retrouvent les cylindres couverts de rouille des parachutages, entre les chalets incendiés. Le 14 juillet, ils défilent à travers Thônes. Le ler août, les camions ont rassemblé 1 500 hommes de l'armée secrète et 400 FTP. A onze heures, les forteresses volantes lâchent le dernier parachutage, qui apporte enfin les armes lourdes. 
Fini, le temps des maquis de misère ! Un char qui se dresse est certes une terrible bête ; mais pour lui, un bazooka invisible est un monstre caché. C'est le bazooka, non la mitraillette, qui a fait des vrais maquis une force supplétive considérable. Un char est plus fort qu'une compagnie de mitraillettes, il n'est pas plus fort qu'une torpille.

Le 13, pendant trois jours, les automitrailleuses ennemies combattent les maquis, et sautent. Le 19, lorsque la radio annonce que l'insurrection générale commence à Paris, cinq mois jour pour jour après l'attaque des Glières, le général Oberg, qui la commandait, apporte au capitaine Nizier, chef militaire de la Résistance, la capitulation de ses troupes. 
Alors, dans tous les bagnes depuis la Forêt-Noire jusqu'à la Baltique, vos déportés qui survivaient encore se levèrent sur leurs jambes flageolantes. Et le peuple de ceux dont la technique concentrationnaire avait tenté de faire des esclaves parce qu'ils avaient été parfois des héros, le peuple dérisoire des tondus et des rayés, notre peuple ! pas encore délivré, encore en face de la mort, ressentit que même s'il ne devait jamais revoir la France, il mourrait. avec une âme de vainqueur. 
Et maintenant, le grand oiseau blanc de Gilioli a planté ses serres ici. Avec son aile d'espoir, son aile amputée de combat, et entre elles, son soleil levant. Avec son lieu de recueillement, sa statue dont les bras dressés sont pourtant des bras offerts. Avec ses voix entrecroisées, qui feront penser à l'interrogation des tombeaux égyptiens : Que disent les voix de l'autre monde, avec leur bruit d'abeilles... Elles disent: 
«Nous sommes les torturés agonisants, dont la Gestapo disait qu'il était inutile de les lui envoyer puisqu'ils étaient vides.

Les Espagnols tombés ici en se souvenant des champs de l'Ebre et du jour où la Révolution vida les monts-de-piété de tout ce. que les pauvres y avaient engagé. 
Les Français qui avaient rejoint après avoir combattu, eux, dans la ligne Maginot jusqu'au dernier jour. 
Les gens des villages sans lesquels le maquis n'aurait pu ni se former ni se reformer; ceux qui ont sonné le glas pour lui ; ceux que les hitlériens ont déportés, ceux qu'ils ont fait courir pour rigoler, pendant la répression, devant leurs mitrailleuses qui les descendirent tous. 
Peu importent nos noms, que nul ne saura jamais. Ici, nous nous appelions la France. Et quand nous étions Espagnols, nous nous appelions l'Ebre, du nom de cette dernière bataille. 
Je suis la mercière fusillée pour avoir donné asile à l'un des nôtres. 
La fermière dont le fils n'est pas revenu.

Nous sommes les femmes, qui ont toujours porté la vie, même lorsqu'elle risquaient la leur. 
Nous sommes les vieilles qui vous indiquaient la bonne route aux croisées des chemins, et la mauvaise, à l'ennemi. Comme nous le faisons depuis des siècles. 
Nous sommes celles qui vous apportaient un peu à manger; nous n'en avions pas beaucoup. 
Comme depuis des siècles.

Nous ne pouvions pas faire grand-chose ; mais nous en avons fait assez pour être les Vieilles des camps d'extermination, celles dont on rasait les cheveux blancs. 
Jeanne d'Arc ou pas, Vierge Marie ou pas, moi, la statue dans l'ombre au fond du monument, je suis la plus vieille des femmes qui ne sont pas revenues de Ravensbrück. 
Morel, Anjot et tous mes morts du cimetière d'en bas, c'est à moi que viendront ceux qui ne connaîtront pas votre cimetière. Ils sauront mal ce qu'ils veulent dire lorsqu'ils chuchotent seulement qu'ils vous aiment bien.

Moi, je le sais, parce que la mort connaît le murmure des siècles. Il y a longtemps qu'elle voit ensevelir les tués et les vieilles. Il y a longtemps, Anjot, qu'elle entend les oiseaux sur l'agonie des combattants de la forêt; ils chantaient sur les corps des soldats de l'an II. Il y a longtemps qu'elle voit les longues files noires comme celle qui a suivi ton corps, Morel, dans la grande indifférence de l'hiver. Depuis la fonte des glaces, vous autres dont les noms sont perdus, elle voit s'effacer les traces des pas dans la neige, celles qui ont fait tuer. Elle sait ce que disent aux morts ceux qui ne leur parlent qu'avec les prières de leur mère, et ceux qui ne disent rien. Elle sait qu'ils entendront le glas que toutes les églises des vallées ont sonné un jour pour vous, et qui sonne maintenant dans l'éternité. " 

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 16:21

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" Cette foi en l'espérance commande de ne jamais renoncer à nos idéaux. C'est parce que Tom Morel l'incarnait qu'il est un de nos plus beaux héros.

" Extrait de la Préface du livre de Patrick de Gmeline, Tom Morel, Héros des Glières, par Nicolas Sarkozy, Président de la République

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Le Président de la République se rend le jeudi 8 avril 2010 en Haute Savoie sur le plateau des Glières, pour se recueillir dans ce haut lieu de la Résistance française.

C'est sur ce plateau que Nicolas Sarkozy avait fait son dernier déplacement avant d'être élu Président de la République, au mois de mai 2007. Il avait alors promis qu'il se rendrait en ce lieu symbolique tous les ans, pour commémorer le combat des maquisards des Glières, ces résistants d'âges, d'origines, de milieux et de convictions politiques divers qui combattirent ensemble pour la liberté.

En mars 1944, lors « des combats des Glières », 130 jeunes maquisards payèrent de leur vie cet engagement au service de leurs compatriotes et de leur pays.

Le chef de l'Etat veut ainsi honorer sa promesse et perpétuer la mémoire des résistants qui se sont battus et furent nombreux à mourir pour notre liberté. C'est la troisième fois qu'il se rend sur le plateau en tant que Président de la République.

HISTOIRE DE TOM MOREL ET DU MAQUIS DES GLIÈRES:

http://www.elysee.fr/president/root/bank/images_elysee_contenu/Tom_Morel.jpg

C'est sur le plateau des Glières, au cœur du massif des Bornes, que le chef de l'Etat vient célébrer un des épisodes les plus héroïques de la résistance française.

Culminant à plus de 1400 mètres d'altitude, le plateau des Glières était peu connu, presque inaccessible, c'est pourquoi les maquisards l'avaient choisi pour recevoir les armes parachutées par les Alliés et organiser la résistance.

En janvier 1944, c'est dans cette clairière que Théodose Morel, dit Tom Morel, s'installe avec 120 maquisards. Il adopte la devise « Vivre libre ou mourir » et forme son bataillon en vue de livrer les combats de la Libération. Remarquable meneur d'hommes, Tom Morel organise de nombreuses opérations contre les miliciens et les Groupements Mobiles de Réserve de la police de Vichy (GMR), face auxquels il s'illustre par son courage et son abnégation.

Le 9 mars 1944, Tom Morel décide de lancer un assaut de grande envergure contre l'Etat-major du GMR-Aquitaine, à Entremont, au pied du plateau des Glières. Le commandement du GMR n'avait pas respecté son engagement à l'égard de la Résistance en ne libérant pas un maquisard détenu, alors que trente des leurs avaient été relâchés. Dans la nuit, plus d'une centaine de maquisards participent alors à l'opération et l'un des groupes, dirigé par Tom Morel, parvient à pénétrer dans l'Hôtel de France, siège de l'Etat-major des GMR. Les maquisards désarment leurs prisonniers, mais le commandant Lefèbvre, chef des GMR, parvient à brandir un pistolet qu'il avait dissimulé. Il tire alors à bout portant sur Tom Morel qui s'effondre, mort sur le coup d'une balle tirée en plein cœur. Il avait 29 ans.

Le corps du lieutenant Théodose Morel est alors porté par ses hommes sur le plateau des Glières où il est enterré lors d'une cérémonie religieuse. Le 2 mai 1944, la dépouille est redescendue dans la vallée ou elle repose désormais au cimetière militaire de Morette, près du lieu que Tom Morel appelait lui même « le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ».

En lui décernant à titre posthume la Croix de la Libération, le 5 novembre 1944, le Général De Gaulle dira de Tom Morel qu'il « restera dans l'épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l'un des plus prestigieux martyrs de la Savoie ». (Retrouvez la biographie de Tom Morel sur le site de l'Ordre de la Libération)

Dans l'histoire de la Résistance, Tom Morel reste comme le symbole et le représentant des près de 130 Maquisards tués lors du combat des Glières.

CITATION DU GÉNÉRAL DE GAULLE :

Le 5 novembre 1944, Tom Morel est nommé Compagnon de la Libération à titre posthume par le général De Gaulle.

L'ordre de la Libération a été créé dans le but de récompenser les personnes ou les collectivités militaires ou civiles qui se sont illustrées lors de la Libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale. Deuxième ordre national français après celui de la Légion d'honneur, l'ordre de la Libération ne fut discerné qu'à un nombre très restreint de personnes pour les récompenser de leurs faits dont l'héroïsme et l'exemplarité ont contribué à la libération de notre pays.

En le nommant Compagnon de la Libération, le général De Gaulle dira de Tom Morel:

« Déjà fait chevalier de la Légion d'honneur à vingt-quatre ans pour avoir capturé une compagnie italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Instructeur à Saint-Cyr en novembre 1942, a aiguillé ses élèves vers la Résistance, s'est lancé lui-même corps et âme dans la lutte contre l'envahisseur, agissant tour à tour comme camoufleur de matériel, agent de renseignements, propagandiste. Démasqué par l'ennemi, s'est jeté avec une immense foi dans le maquis savoyard. Sans armes, a attaqué en combat singulier un officier allemand qu'il a réduit à l'impuissance. Devenu chef du bataillon des Glières, a été l'âme de la Résistance du Plateau, son chef et son organisateur. Le 9 mars 1944, après avoir enlevé d'assaut le village d'Entremont, a été assassiné lâchement au cours d'une entrevue qu'il avait demandée à ses vaincus pour épargner une effusion inutile de sang français. Restera dans l'épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l'un des plus prestigieux martyrs de la Savoie. »

DISCOURS D'ANDRÉ MALRAUX :

« Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. »

http://www.elysee.fr/president/root/bank_objects/T4-0805350001.jpg

Le 2 septembre 1973, André Malraux se rend sur le plateau des Glières pour inaugurer le monument national de la Résistance du Maquis des Glières. Ce « grand oiseau blanc » est l'œuvre du sculpteur Emile Gilioli et représente un oiseau dont l'aile droite est amputée, symbolisant ainsi le sacrifice et le courage des maquisards. Un soleil levant entre les deux ailes de l'oiseau incarne la liberté retrouvée pour laquelle se sont battus avec courage les maquisards.

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 17:03

 


http://www.elysee.fr/president/root/bank_objects/T6-1015280111.jpgLE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A REUNI LE CONSEIL DES MINISTRES AU PALAIS DE L’ÉLYSÉE LE MERCREDI 7 AVRIL 2010

A L’ISSUE DU CONSEIL, LE SERVICE DE PRESSE DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE A DIFFUSÉ LE COMMUNIQUÉ SUIVANT :


DÉCRET

Conseil de surveillance des établissements publics de santé


ACCORDS INTERNATIONAUX ET AUTRES TEXTES


COMMUNICATIONS

Les suites de la tempête Xynthia : le traitement des zones les

plus exposées

L’agenda social 2010 dans la fonction publique

L’installation des agences régionales de santé


MESURES D’ORDRE INDIVIDUEL


POINT EN DISCUSSION

La maîtrise des finances publiques


DECRET CONSEIL DE SURVEILLANCE DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DE SANTÉ

La ministre de la santé et des sports a présenté un décret relatif au conseil de surveillance des établissements publics de santé.

Ce décret d’application de la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, constitue un volet essentiel de cette réforme destinée à moderniser les établissements de santé et permettre leur adaptation permanente à l’évolution des besoins de nos concitoyens.

Les conseils d’administration deviennent des conseils de surveillance, de 9 ou de 15 membres selon les établissements. Leurs missions sont recentrées sur la définition des orientations stratégiques et sur le contrôle permanent de la gestion de l’établissement.

Le conseil de surveillance comporte trois collèges de même taille, composés respectivement de représentants des collectivités territoriales et de leurs groupements, de représentants des personnels médicaux et non médicaux et de personnalités qualifiées parmi lesquelles deux représentants des usagers. Le rôle de ces derniers se trouve ainsi renforcé par rapport aux anciens conseils d’administration.

Le président du conseil de surveillance sera élu pour cinq ans parmi les représentants des collectivités territoriales et les personnalités qualifiées.


ACCORDS INTERNATIONAUX ET AUTRES TEXTES

Le conseil des ministres a également examiné les textes suivants :

- Projet de loi ratifiant l’ordonnance n° 2010-49 d u 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale (ministère de la santé et des sports).

L’ordonnance qu’il est projeté de ratifier, prise sur le fondement de la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, modernise le cadre juridique des laboratoires de biologie médicale, défini en 1975, pour tenir compte des innovations médicales et scientifiques intervenues dans cette discipline depuis lors.

Le projet de loi de ratification introduit dans l’ordonnance quelques modifications de fond. Il préserve les droits de personnes qui détenaient de manière légale une part du capital social d’un laboratoire avant la publication de l’ordonnance, même si leur situation n’est désormais plus conforme à la réglementation. Il permet aux personnels de l’Etablissement français du sang qui réalisent les examens de qualification biologique des dons de sang et d’immunohématologie clinique, sans détenir les titres et diplômes requis pour l’exercice de la profession de technicien de laboratoire médical, de poursuivre cette activité sous réserve qu’ils aient validé la formation spécifique prévue dans l’arrêté du 23 mai 2000. Il supprime l’obligation, pour un ressortissant d’un Etat membre de l’union européenne ou partie à l’accord sur l’Espace économique européen, de fournir, préalablement à chaque prestation de service, une attestation d’assurance.

- Décret fixant les conditions de nomination et d’avancement dans les emplois de directeur général et de directeur des établissements d’enseignement supérieur agricole publics (ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche).

Ce décret crée un statut d’emploi unifié pour l’ensemble des directeurs généraux et des directeurs des établissements d'enseignement supérieur agricole publics.

Cette unification parachève le processus de regroupements et d’harmonisation du statut de ces établissements, six ayant désormais un statut de grand établissement et les six autres un statut d’établissement public administratif.


COMMUNICATION LES SUITES DE LA TEMPETE XYNTHIA : LE TRAITEMENT DES ZONES LES PLUS EXPOSEES

Le ministre d’Etat, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, a présenté une communication relative au traitement des zones les plus exposées à la suite de la tempête Xynthia.

Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la tempête Xynthia a eu des conséquences particulièrement dramatiques en Vendée et en Charente-Maritime, de nombreuses personnes étant décédées à la suite de l’inondation de leur logement.

Dans les zones d’extrême danger, où les risques peuvent être mortels, il n’est pas acceptable de laisser les habitants se réinstaller. Ces zones, dites « zones noires », doivent retourner à l’état naturel, avec d’éventuelles activités diurnes, comme par exemple les activités ostréicoles.

La mise en oeuvre de ce principe de retour à l’état naturel peut se faire dès aujourd’hui par acquisition à l’amiable des biens situés dans les « zones noires » pour ceux qui le souhaitent. Dans les cas où cela n’aura pas été possible, l’Etat pourra engager une procédure d’expropriation. Il ne la mènera que si c’est nécessaire. Cette procédure garantit le respect des droits et des intérêts des propriétaires.

Des prescriptions seront imposées dans les zones exposées aux risques qui peuvent être protégées (« zones jaunes »). Ces zones devront faire l’objet d’un programme de protection sur la base de systèmes d’alerte et d’évacuation, de prescriptions techniques sur les bâtiments ou de protections collectives. Ce programme sera établi rapidement et sa mise en oeuvre suivie avec la plus grande rigueur.

La définition des zones repose sur plusieurs critères : hauteur d’eau constatée (à partir d’un mètre), vitesse/force de la vague, possibilité de se protéger. Les experts sont revenus à plusieurs reprises sur le terrain pour s’assurer des hauteurs d’eau constatées lorsque des incertitudes sur les données étaient constatées.

Les préfets communiquent ce mercredi 7 avril aprèsmidi les zonages précis et tiendront rapidement des réunions publiques d’information.

Les procédures d’acquisition à l’amiable, et ultérieurement les éventuelles procédures d’expropriation, seront financées par le fonds de prévention des risques naturels majeurs. Dans tous les cas, pour le sinistré, le rachat du bien, y compris le foncier, se fera à la valeur établie par les Domaines. Cette estimation sera faite sans tenir compte du risque pour ne pas pénaliser les sinistrés. Ainsi, entre ce qui sera versé par le fonds de prévention des risques naturels majeurs et le montant perçu par le sinistré provenant de son assurance au titre de l’évaluation des dégâts, chacun recevra une indemnité correspondant à l’évaluation des Domaines.

Les personnes devant être relogées bénéficieront d’un accompagnement personnalisé.


COMMUNICATION L’AGENDA SOCIAL 2010 DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique a présenté une communication relative à l’agenda social 2010 dans la fonction publique.

Le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique et le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, ont réuni le 26 mars les organisations syndicales et les employeurs de la fonction publique, afin de définir, comme cela avait été fait en 2008 et en 2009, l’agenda social pour l’année 2010.

ll a été convenu de poursuivre les quatre grands objectifs suivants :


1° Mieux recruter dans la fonction publique.

La révision du contenu des concours, en vue notamment d’une meilleure prise en compte de l’expérience professionnelle des agents, va se poursuivre, de même que le développement des classes préparatoires intégrées dans les écoles de formation de la fonction publique. Ces réformes permettront de favoriser la diversification des profils des candidats.


2° Mieux gérer la carrière des agents publics.

La politique de fusion des corps sera poursuivie. La gestion des agents non titulaires sera améliorée avant la fin de l’année, en concertation avec les partenaires sociaux. La déclinaison du récent accord sur la santé et la sécurité au travail permettra d’améliorer les conditions de travail des agents. Une réflexion sur l’égalité hommes-femmes sera menée avec les organisations syndicales.

3° Mieux rémunérer les fonctionnaires. La prise en compte du mérite sera renforcée. Le développement de dispositifs d’intéressement collectif viendra compléter l’extension en cours de la prime de fonctions et de résultats. A la suite de la refonte des grilles des agents de catégorie C et B, celle des agents de catégorie A sera prochainement rénovée, avec notamment la création d’un nouveau grade à accès fonctionnel pour les agents qui auront occupé des postes à forte responsabilité. Une négociation salariale triennale sera ouverte avant la fin du printemps. Elle permettra de déterminer les différents paramètres d’évolution de la rémunération des fonctionnaires pour la période 2011-2013.


4° Mieux dialoguer.

Le projet de loi portant rénovation du dialogue social dans la fonction publique, qui transpose l’accord conclu en juin 2008, est en cours de discussion à l’Assemblée nationale. Les échanges se poursuivent avec les organisations syndicales pour la préparation de ses décrets d’application et sur des points spécifiques tels que le calendrier des élections professionnelles.

En ce qui concerne l’évolution du régime de retraite des fonctionnaires, le Gouvernement organisera une concertation approfondie avec les organisations syndicales et les employeurs publics, en vue d’étudier tous les enjeux de cette réforme. Les modalités de cette concertation seront annoncées prochainement.


COMMUNICATION L’INSTALLATION DES AGENCES REGIONALES DE SANTE

La ministre de la santé et des sports a présenté une communication relative à l’installation des agences régionales de santé.

Clé de voûte de la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, les agences régionales de santé (ARS) ont été mises en place le 1er avril dernier. Elles simplifient et unifient le service public régional de la santé, en rassemblant en leur sein tous les services de l’Etat et de l’assurance maladie dédiés à la santé au niveau régional.

Elles se substituent ainsi aux agences régionales de l’hospitalisation (ARH), aux unions régionales des caisses d’assurance maladie (URCAM), aux missions régionales de santé (MRS), aux groupements régionaux de santé publique (GRSP), ainsi qu’aux services sanitaires des directions régionales de l’action sanitaire et sociale (DRASS), des directions départementales de l’action sanitaire et sociale (DDASS) et des caisses régionales d’assurance maladie (CRAM). Elles reprennent en outre une partie des missions et des personnels des directions du service médical de l’assurance maladie (DRSM) et des organismes d’assurance maladie des agriculteurs (Mutualité sociale agricole) et des indépendants (Régime social des indépendants).

La création des agences régionales de santé permet de décloisonner le système de santé, leur compétence s’étendant à l’ensemble des champs de la santé : prévention, sécurité sanitaire, soins de ville, soins hospitaliers et secteur médico-social (établissements et services pour personnes âgées et handicapées). Elle améliorera ainsi le parcours de soins des personnes.

Les agences auront deux missions principales : améliorer la réponse aux besoins de santé des Français et utiliser au mieux les ressources publiques consacrées à la santé. En particulier, dès les prochains mois, elles devront améliorer le dispositif de permanence des soins.

La création des agences régionales de santé permettra de mener des politiques de santé mieux adaptées aux spécificités et aux besoins de chaque territoire : elles vont lancer des concertations avec les élus locaux, les usagers et les professionnels de santé en vue de l’élaboration de projets régionaux de santé.


MESURES D’ORDRE INDIVIDUEL

Le conseil des ministres a adopté les mesures individuelles suivantes :

Sur proposition de la ministre d’État, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés:

- M. Jacques BARTHÉLÉMY, préfet, est nommé conseiller d’État en service extraordinaire.

Sur proposition du ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales :

- M. Jacques BARTHÉLÉMY, préfet de la région Franche-Comté, préfet du Doubs (hors classe), est nommé préfet hors cadre (hors classe) ;

- M. Nacer MEDDAH, préfet de la Seine-Saint-Denis (hors classe), est nommé préfet de la région Franche-Comté, préfet du Doubs (hors classe) ;

- M. Christian LAMBERT, préfet, directeur du cabinet du préfet de police de Paris, est nommé préfet de la Seine-Saint-Denis (hors classe).

Sur proposition du ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales et du ministre de la défense :

- M. le général de corps d’armée Jacques MIGNAUX est nommé directeur général de la gendarmerie nationale. Il est élevé aux rang et appellation de général d’armée.

En outre, a été adoptée une mesure d’ordre individuel concernant un officier général de la gendarmerie nationale.

Sur proposition du ministre de la défense :

- M. le général de division aérienne du corps des officiers de l’air Antoine CREUX est nommé directeur de la protection et de la sécurité de la défense.

- M. le vice-amiral Olivier LAJOUS est élevé aux rang et appellation de vice-amiral d’escadre, pour prendre rang du 1er mai 2010.

En outre, ont été adoptées diverses mesures d’ordre individuel concernant des officiers généraux de l’armée de terre, de l’armée de l’air, du service de santé des armées et de la direction générale de l’armement.

 

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 22:24

 

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DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Morée (Loir-et-Cher) -- Mardi 9 février 2010

 

Monsieur le Président du Sénat, Cher Gérard LARCHER, 
Mesdames et Messieurs les ministres, Chère Roselyne BACHELOT, Cher Michel MERCIER, Chère Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Cher Hervé NOVELLI, 
Mesdames et messieurs les parlementaires, Monsieur le Président du Conseil Général, Cher Maurice Leroy, 
Mesdames et Messieurs les élus, 
Et, si vous me le permettez, mes chers compatriotes,


Cela faisait près de 20 ans qu'un Gouvernement n'avait pas consulté les territoires de France comme nous venons de le faire. 20 ans qu'on n'avait pas demandé à la France rurale quelles étaient ses besoins, ses ambitions et ses attentes à l'endroit de la collectivité nationale. La dernière consultation avait été engagée par Pierre BEREGOVOY, elle n'avait pu être menée à son terme.

Plus de 80 000 personnes ont participé au débat. Dans chaque sous-préfecture, ces assises de la ruralité ont permis de réunir le public, les élus, les chambres consulaires, les professionnels, les associations, toutes les forces vives de la ruralité française.

Vous comprendrez que je tienne à remercier Michel MERCIER d'avoir piloté ce formidable travail.

Il y a 20 ans, la France achevait son exode rural. Celui-ci s'aggravait même d'une démographie naturelle déprimée. Dans des territoires vieillissants, les cercueils l'emportaient sur les berceaux et personne ne percevait, face à la mécanisation croissante de l'agriculture, à l'attraction que l'on décrivait à l'époque comme inexorable des villes, où se situerait l'avenir du monde rural.

Les assises des territoires ruraux nous ont révélé une autre ruralité. La France rurale de 1990 achevait un long cycle de déclin, la France rurale de 2010 commence un nouveau cycle de croissance. Et la croissance de la France rurale, c'est une croissance durable, car elle s'appuie sur les atouts du monde rural.

Le monde rural a beaucoup d'atouts. Il a d'abord des valeurs auxquelles les Français aspirent profondément : le respect de l'autre, c'est une valeur du monde rural que vous conciliez d'ailleurs, mes chers compatriotes, avec le respect de la collectivité, le lien avec la nature, l'entraide, le travail, l'authenticité. Ces valeurs là sont les vôtres mais le peuple français partage un attachement commun et puissant à ses territoires ruraux. Tous les Français ne vivent pas dans la ruralité, mais quasiment tous les Français ont un lien avec la ruralité. Des grands-parents, des parents, des souvenirs, une nostalgie, une histoire. Et tout ceci donne une identité.

Le mot « identité », on a le droit de le prononcer. On a le droit d'y croire. On n'a pas à s'excuser d'avoir une identité. L'identité de la ruralité, l'identité de la France. Moi, je crois à l'identité française. Je crois à l'exception culturelle française et, à tous ceux qui, à juste raison d'ailleurs, croient dans la diversité, je veux poser cette seule question : « Que serait la diversité dans la négation des identités ? ». Pour qu'il y ait de la diversité, il faut qu'il y ait une identité, sinon, on est face à un monde aplati où tout se ressemble, pas de saveur, pas de goût, pas de projet commun, pas de valeur, pas d'idéal partagé.

Dans notre identité, il y a l'exception culturelle, il y a notre volonté de garder un système de production sur notre territoire, l'attachement de la France à son industrie, je le dis en ruralité, parce que dans la ruralité, il faut une activité de production. L'agriculture, bien sûr, j'en parlerai. Mais aussi l'industrie. Pourquoi opposer les deux ? Notre protection sociale, les valeurs de la République qui sont les nôtres, la laïcité.

J'aurai l'occasion, au mois d'avril, de revenir moi-même sur ce débat, d'en assurer et d'en assumer les conclusions et, peut-être, d'insister encore sur une des dimensions de ce débat. Dans l'identité nationale française, il y a une conception très précise des droits et des devoirs. Les deux. Et nous, les Français, nous souhaitons que chacun comprenne que notre attachement à la République tient à cet équilibre : chacun a des droits, chacun a des devoirs et il convient d'assumer et de parler des deux. Pas toujours les droits sans parler des devoirs et pas toujours les devoirs sans jamais les droits. Nous voulons les deux. Et c'est très important que nous en parlions, que nous y réfléchissions, que nous en tirions des conclusions, notamment sur ce que nous voulons enseigner à nos enfants. Et, cela, dans la ruralité, on peut en parler sans anathème, sans exclure l'autre. Tranquillement. Parce que dans chacun de nos villages de France, quand la communauté villageoise se réunit, elle se demande : quelle est l'identité de notre village ? Que voulons-nous en faire ? Que va-t-il devenir ? Quel est son avenir ? Que voulons-nous garder du passé et que voulons-nous prendre de l'avenir ?

La question qui se pose pour le gouvernement aujourd'hui, c'est d'inventer l'avenir du monde rural. Et ce n'est pas si simple parce que je sens dans le monde rural une aspiration à la modernité et, en même temps, une volonté d'être respectueux de ses valeurs et de son patrimoine. Fidèle à ses racines et en même temps, tourné vers l'avenir. C'est pour cela qu'il nous faut réinventer un avenir pour les territoires ruraux. C'est en vérité une véritable économie nouvelle qu'il nous faut créer.

Et, c'est d'autant plus nécessaire en France que, nous l'oublions, mes chers compatriotes, mais nous sommes le pays à la superficie la plus vaste d'Europe. Ce qui nous donne un atout considérable qui porte un nom : l'espace. Partout en Europe, les pays courent après l'espace. En France, nous avons, grâce à notre ruralité, cette denrée extrêmement rare, l'espace. Le monde rural a du foncier, le monde rural a des énergies renouvelables, le monde rural a un cadre de vie. Et ce sont cela ses atouts. Et c'est à partir de cela que nous allons essayer de créer avec vous les conditions d'une économie nouvelle.

La France rurale de 2010 connaît une véritable croissance démographique. C'est un changement de tendance historique qui doit nous amener à repenser nos politiques publiques.

Pourquoi ce qui a été fait sur les trente dernières années n'a-t-il pas marché jusqu'à présent ? Parce que l'on s'est habitué à une politique de l'aménagement du territoire qui, au fond, n'avait comme seule ambition d'accompagner vos territoires vers le déclin, faire en sorte que ce soit un peu moins douloureux, que cela se passe un peu moins vite, qu'on retarde d'un an la fermeture d'une école, de deux ans celle d'un bureau de poste, de trois ans celle d'un hôpital, de quatre ans celle d'un tribunal. C'était une vision défensive. Je souhaite une vision offensive à l'image de la croissance de votre démographie.

Pour cela, nous avons voulu partir des habitants et de leurs besoins. Naturellement, la responsabilité de l'Etat face aux besoins des habitants de la ruralité c'est que, partout, vous ayez accès aux services essentiels, les services à la population. Partout. Et, naturellement, quand on dit cela, on voit immédiatement les tenants de l'immobilisme qui considèrent qu'il faut garder ouvert une brigade de gendarmerie où il ne vient personne, un bureau de poste où il y a une visite tous les deux jours, et ainsi de suite.

La nouvelle économie de la ruralité n'est pas dans la défense passéiste d'un système qui n'a fait qu'accompagner la désertification. Il faut que l'on soit beaucoup plus mobiles, beaucoup plus offensifs. Et l'Etat assumera ses responsabilités.

Je pense d'abord à la question des transports. Nous avons développé les transports collectifs et nous les soutenons de façon massive. Chacun le comprend. Mais il faut admettre que le transport en commun n'est plus adapté en deçà d'une certaine densité. Il faut voir que les progrès technologiques permettent aujourd'hui de réduire massivement les émissions de CO2 dans le transport individuel, par l'amélioration des moteurs à combustion, le moteur électrique, le covoiturage, l'écoconduite. Mais il nous faut concilier développement durable et mobilité individuelle.

Quand je vois certaines forces politiques dans notre pays dire : « ah non, il ne faut pas favoriser la mobilité individuelle ». Ah bon ? Mais quand on vit dans la ruralité, il faut conduire les enfants à l'école, il faut aller chercher un travail, donc la mobilité individuelle n'est pas l'ennemi du développement durable et, autant je suis vraiment décidé à pousser les transports en commun dans les zones denses, autant, je le crois, s'agissant de la ruralité, il faut un soutien à toutes les initiatives innovantes de transport individuel écologique en zone rurale. Et, je le dis à Michel MERCIER, ce doit être une thématique prioritaire pour les nouveaux pôles d'excellence rurale.

Et je souhaite qu'on puisse étendre la compétence des autorités organisatrices de transport au développement des plates-formes de covoiturage et de transport à la demande en milieu rural, dès lors que celles-ci respecteront des obligations de limitation des émissions de CO2. Mais franchement, on ne préserve pas le climat en subventionnant des cars ou des TER diesels qui roulent à vide. Donc, on va travailler sur cette question qui est essentielle.

Je souhaite donc que le schéma national des infrastructures de transport que Jean-Louis BORLOO et Dominique BUSSEREAU préparent avec Michel MERCIER permette de régler les problèmes d'enclavement routier que connaissent encore nos territoires.

Je ne veux pas que les développements de la mobilité soient pour la France urbaine et je ne veux pas non plus que l'on culpabilise la France rurale en disant : « Vous polluez quand vous vous déplacez ». Oui, mais on ne peut pas faire un métro. Ce n'est pas possible. Donc, nous allons, avec les pôles d'excellence ruraux et le schéma des infrastructures de transport, régler ces problèmes d'enclavement routier sans idéologie mais en tenant compte de la spécificité territoriale française. Autant j'étais contre le « tout autoroute » ou le « tout route » comme on a pu l'avoir pendant des années dans le pays ; autant, passer à l'excès inverse de l'interdiction de tout projet, c'est condamner des départements et des territoires à une mort qui ne correspond en rien à leurs aspirations et à leur avenir. Pour cela, on va faire preuve d'un peu d'imagination, nous ne sommes pas obligés d'appliquer les mêmes règles partout.

Je voudrais aussi évoquer la question du financement des grandes lignes ferroviaires d'aménagement du territoire, les trains Corail qui irriguent la France. On déploie un effort sans précédent pour les lignes à grande vitesse. Pendant 20 ans, il y a eu un chantier d'une seule ligne à grande vitesse par an, cette année on en fera quatre. C'est très important, chacun le comprend bien. Mais je ne veux pas que cela se fasse au détriment des lignes classiques dont nous avons besoin. Dominique BUSSEREAU va travailler avec Michel MERCIER, la SNCF et bien sûr les conseils régionaux. Je souhaite que d'ici le mois de juin nous ayons une solution pérenne pour assurer l'équilibre économique de ces lignes et par ailleurs, qu'on en profite pour résoudre la question du renouvellement du matériel roulant. Il n'y a aucune raison que nos compatriotes qui prennent les lignes régionales ou classiques circulent dans des matériels d'un autre âge et dans un état de vétusté absolument considérable. Tout va être discuté : périmètre, productivité, qualité de service de ces liaisons.

Deuxième priorité, les assises ont montré combien vous étiez préoccupés d'un accès à la santé de proximité. C'est un sujet, je remercie Roselyne BACHELOT d'être à mes côtés une fois de plus, parce que quand on parle de la santé des Français, on parle trop des grandes plates-formes hospitalières. Oui, il nous les faut, des pôles d'excellence mondiaux, chacun d'entre-nous, en situation de maladie aigüe, est bien content de pouvoir accéder dans sa région à une grande plateforme hospitalière. Mais, la santé ne peut pas se réduire au seul accès à ces grandes plateformes hospitalières. Qu'est ce qui compte aujourd'hui ? C'est que chacun puisse avoir accès à une santé de proximité et c'est toute la question de la médecine libérale, qui est le premier recours de notre système de santé. Les citoyens des territoires ruraux, qui acquittent la CSG -- vous la payez -- acquittent des cotisations au même titre que les citoyens des centres-villes. Mais les citoyens des territoires ruraux sont donc en droit d'attendre une présence médicale normale puisqu'ils payent les impôts comme les autres. Au nom de quoi n'auraient-ils pas le droit au même service ? Au nom de quoi continueriez-vous à financer l'offre médicale surabondante dans certaines villes quand d'autres vivent la pénurie au quotidien ? Et dans cette région, la démographie médicale c'est un problème considérable.

Alors, nous allons prendre un certain nombre de mesures immédiates. A la rentrée universitaire, avec Roselyne BACHELOT, nous allons réserver 400 bourses, comme le prévoit la loi Hôpital, à des étudiants en médecine qui s'engageront à exercer dans des territoires à faible densité médicale. Moi je veux garder la liberté d'installation naturellement, mais nous allons financer les études d'étudiants en médecine et eux-mêmes vont s'engager pour rembourser cela à exercer dans un territoire à faible densité médicale. Nous ne sommes pas obligés d'avoir un système où certains quartiers de nos grandes villes sont surabondamment équipés et des régions entières comme la vôtre sont pénalisées. Ce n'est pas acceptable. Et ce dispositif que j'annonce aujourd'hui avec Roselyne sera reconduit chaque année. A terme, nous disposerons de 4 000 médecins qui couvriront tous les territoires dont l'offre de soins est fragile.

Face à cette question-là, moi je ne veux plus aller dans nos territoires où l'on me dit « y a pas de médecin » et puis l'air compatissant on me dit « oui, d'accord on comprend on va faire quelque chose ». Non, on ne va pas, on fait et tout de suite ! Parce que naturellement le temps... Alors cela ne coûte pas tellement cher, cela coûte moins cher en tout cas que d'avoir des médecins qui n'arrivent pas à vivre parce qu'ils se font de la concurrence en ville et des compatriotes qui n'arrivent pas à se faire soigner parce qu'il n'y a personne. Par ailleurs, Roselyne BACHELOT et Michel MERCIER vont engager avec les collectivités un plan triennal de création de maisons de santé pluridisciplinaires, à l'image du remarquable établissement que je viens de visiter. Et je vous annonce que l'État et l'assurance maladie participeront au financement de 250 maisons de santé en trois ans : ainsi nous doublerons leur présence sur le territoire. Et là on peut beaucoup mieux expliquer à nos compatriotes des territoires ruraux qu'il faut fermer tel établissement dangereux sanitairement si dans le même temps on les aide à ouvrir une maison de santé. Et je veux dire que le service public de la santé n'est pas simplement exercé par un hôpital public, il peut être exercé par des infirmières libérales qui se regroupent, par des médecins qui se regroupent. J'en voyais un tout à l'heure qui me dit « moi, 25 ans que je travaille seul, je n'en peux plus, 40 visites par jour, je n'en peux plus ! » ou une personne qui me disait « écoutez moi, c'est un trop grand stress tout seul, j'ai besoin d'échanger mes expériences ». Donc nous allons financer ces maisons.

Enfin, Roselyne BACHELOT va développer l'internat des étudiants en médecine en milieu rural, en augmentant le nombre de maîtres de stage agréés. Cette fonction sera une condition sine qua non pour exercer dans les maisons de santé financées par l'État ou par l'assurance maladie. Comprenez-moi, moi je suis pour la liberté de choix mais je ne laisserai pas des territoires en déshérence complète.

Par ailleurs, on va accroître l'effort de développement des services à la personne. Je mesure combien les besoins sont grands, pour nos aînés, mais aussi pour la petite enfance. Et je veux dire, que je soutiens donc totalement la proposition de loi de Jean ARTHUIS pour le développement des maisons d'assistantes maternelles en milieu rural, et je souhaite, je le dis aux parlementaires, que le Parlement puisse voter rapidement cela. J'oserai d'ailleurs une remarque. Bien sûr qu'il faut faire attention, les conditions de sécurité, d'hygiène pour garder nos enfants, mais arrêtons aussi la folie réglementaire ! Entre les conditions de mètres carrés, le nombre de fenêtres, l'air qui circule, le nombre de personnes, il n'y a pas un seul de nos enfants, chez nous qui soit gardé comme ils sont gardés dans des établissements publics. Nous avons besoin de service à la personne. Maintenant les femmes en milieu rural, et c'est très bien, travaillent, ont une activité professionnelle, elles ont le besoin de services pour garder leurs enfants. Les personnes âgées sont dépendantes là aussi privilégions le pragmatisme. Je ne veux pas dire que les problèmes de sécurité, d'hygiène ne sont pas importants mais parfois on se demande si tout cela est bien raisonnable. Franchement, en ce qui me concerne j'ai apporté une réponse, cela ne l'est pas !

S'agissant de la question du logement. Je vous annonce que l'ANAH doublera son effort pour soutenir 40 000 propriétaires occupants modestes dès 2011 ; cela s'inscrit dans le programme de 500 M€ de rénovation financé par le grand emprunt, qui concerne pour moitié la France rurale : et in fine ce sera 150 000 logements ruraux de gens modestes dont la rénovation sera financée aux deux tiers, avec pour résultat des économies de 20 ou 30 % en matière d'énergie. Les problèmes de logement ne concernent pas simplement les grandes villes, la ruralité connaît aussi des situations critiques auxquelles nous devons apporter réponse.

La culture, avec un chantier qui me tient à cœur, l'équipement numérique, Chère Nathalie, des cinémas ruraux. La DATAR lancera dans les mois qui viennent un appel à projet financé sur l'enveloppe de 750 M€ de l'emprunt affectés aux contenus culturels numériques.

Un mot sur la Poste. Je vais promulguer cette semaine une loi postale essentielle, je le dis à nos deux parlementaires, qui va moderniser ce grand service public. Mes Chers amis, il aurait été bien plus facile de ne rien faire, de laisser la Poste affronter l'ouverture à la concurrence sans investir, sans se moderniser. Quel est le problème ? Chacun peut le comprendre, la Poste est une entreprise qui pendant des décennies a eu comme première mission de livrer le courrier. Or le problème du courrier, papier écrit, c'est qu'il y en aura de moins en moins et à l'inverse, vous commandez de plus en plus par Internet des colis, des paquets. Donc on va avoir de moins en moins de courrier et de plus en plus de colis. La question du devenir de la Poste : quand vous voyez que la Poste allemande a créé DHL, sommes-nous condamnés à laisser notre Poste dépérir ? Ou voulons-nous un projet pour notre Poste ? Eh bien moi je souhaite un projet pour notre Poste.

Nous allons, l'État et la Caisse des Dépôts souscrire dès cette année à une augmentation de capital de 2,7 milliards d'euros pour financer la modernisation de la Poste. Ceux qui disent défendre la Poste et l'empêchent d'évoluer, en réalité ils la font mourir. Pourquoi quand la Poste allemande crée une des premières entreprises de logistique du monde, DHL, la Poste française ne pourrait-elle pas faire de même ? Oui mais si on veut faire de la logistique il faut des trains, il faut des camions, il faut des avions, il faut du matériel, il faut moderniser la Poste. Donc j'ai voulu cette modernisation avec Jean-Paul BAILLY. D'ailleurs après des débuts un peu énervés, la loi a été votée. Qui aujourd'hui en parle ? Qui la remet en cause ? Et la Poste, l'Etat va y investir avec la Caisse des Dépôts deux milliards 700 millions mais c'est important pour vous dans la ruralité parce que la Poste est un service public auquel vous êtes extrêmement attachés et pour la première fois, est prévue dans la loi, la présence de 17 000 points de contact sur le territoire national.

Mais tout se tient mes chers amis ! Quand on modernise une entreprise, qu'on lui donne des moyens, elle peut assumer les obligations de présence sur le territoire. Si on fait comme une ligne Maginot en l'empêchant d'évoluer, comment voulez vous qu'elle entretienne 17000 points de contact ? Est-ce que je me fais comprendre ? C'est par la modernisation de la Poste qu'on aura la pérennité du service public de la Poste. Si on fait mourir la Poste, si on la laisse comme une entreprise d'il y a trente ans alors que le contexte a complètement changé garderez-vous les points Poste ? La réponse est évidente. C'est pour cela qu'il fallait évoluer.

Et par ailleurs, je voudrais vous dire que la Poste est prête à équiper dans les deux ans qui viennent d'un distributeur de billets les bourgs-centres isolés qui n'en sont pas dotés. Donc on va aller plus loin encore ! Et Dieu sait que c'est une demande qui nous a été faite Michel. Vous savez la ruralité, ce n'est pas simplement les grands discours, ce sont des réalités. Alors voilà ce que nous allons mettre en œuvre. En même temps les assises de la ruralité nous ont interpellés sur un certain nombre d'infrastructures que vous estimiez absolument vitales. Et la plus importante, celle qui a été mise en premier, c'est l'accès à Internet à très haut débit d'où la présence de Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET que je remercie.

Les télécommunications à très haut débit, je le dis pour ceux qui ne seraient pas familiers de tout ceci, cela a pour nos territoires la même importance que l'électrification rurale ou le réseau téléphonique au siècle dernier. Je dirais même c'est plus important. Parce que le téléphone et l'électricité n'ont malheureusement pas enrayé l'exode rural. En revanche l'Internet à très haut débit c'est une révolution technologique qui va compenser, plus que compenser, le lourd handicap de l'enclavement. Ce que ne pouvait pas faire le téléphone ou ce que ne pouvait pas faire l'électricité rurale.

L'accès à Internet est devenu un besoin essentiel. Quel jeune français accepterait de se priver d'accès aux réseaux sociaux ou à la musique en ligne ? Quel couple d'actifs renoncerait au commerce en ligne, à ses e-mails ou à l'annuaire électronique ? Et quelle entreprise pourra expliquer à ses clients : « Ah on ne peut pas échanger de fichiers parce que je n'ai pas le site, les moyens, la technologie ».

Je n'accepterai pas que les territoires ruraux deviennent une jachère numérique. Nous allons donc mettre les moyens pour cela et en 2025 100 % des foyers français auront un accès au très haut débit. On atteindra 70 % en 2020. Le grand emprunt va permettre cela puisque 2 Mds € sont prévus, et que la moitié de ces 2 Mds € sera consacrée aux territoires les moins denses. Au fond, on aura trois systèmes.

Dans les territoires très denses, il n'y a pas besoin du soutien de l'Etat. Les opérateurs se font concurrence et se chargent de l'installation des lignes haut débit. Dans les territoires moins denses, il n'y a pas besoin de l'Etat, mais je ne suis pas persuadé que plusieurs opérateurs privés puissent co-exister. Il faudra sans doute qu'on en sélectionne un parce qu'il n'y aura pas de quoi faire vivre tout le monde.

Et puis dans les territoires très peu denses, si l'Etat ne prend rien à sa charge, il n'y a aucune chance que vous ayez le haut débit, et cela serait une injustice majeure. Cette l'injustice dont on parle en permanence, moi j'aimerais que l'on parle de l'injustice qui serait faite aux territoires ruraux s'ils n'avaient pas accès au très haut débit. On n'en parle pas beaucoup dans les médias, mais cette injustice là je ne la laisserai pas commettre parce qu'elle est me semble-t-il absolument décisive. Nous allons missionner le sénateur MAUREY sur la question de l'alimentation du fonds d'aménagement numérique du territoire créé par la loi Pintat de manière à ce que l'on règle ces problèmes.

Par ailleurs, Michel MERCIER lance le deuxième appel à projets sur les pôles d'excellence ruraux. Là je voudrais attirer votre attention sur quelque chose auquel je crois beaucoup, puisque j'ai lancé les pôles d'excellence ruraux avec Christian ESTROSI en 2006. Nous avons labellisé 379 projets. Nous leur avons alloué 235 millions d'euros. L'excellence existe dans la ruralité, sur des projets peut-être moins importants en masse, mais tout aussi utiles pour la revitalisation d'un territoire.

Je vous conseille donc de vous mobiliser autour de ce deuxième appel à projets, car il offre de réelles opportunités pour les territoires ruraux. Toute la philosophie de l'action que nous menons, c'est que je souhaiterais que l'on utilise l'argent public pour vous permettre de créer des emplois, de la richesse, de la croissance, des formations adaptées plutôt que pour des subventions ou de l'assistanat, de l'aide pour rester chez soi et pour ne pas travailler. C'est un changement complet. Moi je pense que les territoires ruraux ne veulent pas tendre la main, ils veulent simplement vivre, vivre de leur travail, de leurs compétences et ils préfèrent de beaucoup que l'on finance des projets plutôt que l'on mette les gens en préretraite où on les paye à rester chez eux à déprimer. Parce que franchement, quand on ne fait pas vivre sa famille du fruit de son travail, on n'a pas beaucoup de perspective et pas beaucoup d'avenir.

Mais les pôles d'excellence ruraux ne sont pas les seuls projets. Je vais demander à François DROUIN, le président d'Oséo, une ligne de 100 M€ spécifiquement réservée pour les PME de la ruralité. Et d'ailleurs je vais être obligé de revoir les banques parce que je suis inquiet de ce qui se passe en ce moment. Je le dis très simplement, nous les avons sauvées, nous avons protégé votre épargne, mais je ne passerai pas d'un excès où l'on finançait n'importe quoi à une situation où l'on serre la vis d'une entreprise qui a des besoins de trésorerie pour quelques milliers d'euros et où l'on fait perdre des emplois. Cela ce n'est pas acceptable. Cela ne peut pas être trop hier et plus du tout aujourd'hui. J'aurai cette réunion avec les banques, mais c'est un sujet considérable, Hervé NOVELLI m'en parlait en venant encore ce matin, c'est un sujet considérable. Je comprends parfaitement que ce n'est pas facile de gérer une banque, je comprends parfaitement que l'on ne peut pas donner des crédits n'importe comment à n'importe qui. D'ailleurs, si on l'avait fait avant, cela aurait évité la bulle spéculative, par parenthèses. Mais là, il y a un problème de trésorerie pour les entreprises qui m'est signalé partout sur les territoires et cela nous ne pouvons pas l'accepter.

Donc le président d'Oséo mettra une ligne de 10 millions d'euros de ressources pour les PME de la ruralité. J'aimerais également qu'Hervé NOVELLI et Michel MERCIER travaillent sur une question qui me préoccupe beaucoup, c'est la transmission d'entreprise en zone de revitalisation rurale. Mais quand je dis entreprise, c'est aussi commerce et artisans. C'est un sujet extrêmement difficile. Pourquoi ? Parce que les commerçants, les artisans, ils n'ont pas de grosses retraites, donc la seule façon d'assumer leur retraite c'est de vendre le fonds le plus cher possible. Et bien souvent celui qui peut mettre le plus cher possible n'est pas forcément le collègue du même métier. Ce n'est pas le jeune boulanger qui commence, ce n'est pas le jeune tapissier qui commence, ce n'est pas le jeune artisan charcutier qui commence.

Donc, je souhaite vraiment que l'on travaille sur cette question. C'est tellement important les commerces et les artisans dans nos ruralités. Sur la transmission d'entreprise, moi, je trouve que l'on devrait faire quelque chose pour primer celui qui trouve un successeur pour reprendre son commerce. Parce que l'on ne peut pas vendre qu'aux banques et qu'aux compagnies d'assurance. Moi je n'ai rien contre, je ne veux me fâcher avec personne naturellement. Mais enfin ce n'est pas cela qui fait vivre un village. Ce qui fait vivre un village c'est un café restaurant, c'est le coiffeur, c'est le boulanger, c'est le boucher.... Je vous demande de travailler là-dessus, que l'on ait des solutions innovantes. Je souhaite que la Banque Postale complète sa gamme de produits financiers et prête aux entrepreneurs et aux TPE, en particulier en zone rurale, Vous disposez là d'une présence majeure. Il y a 6 Mds € disponibles à la Poste en épargne réglementée pour les PME. Mais je veux qu'il y en ait une partie pour les PME et les TPE de la ruralité. Parce que naturellement, quand on est tout seul à travailler dans sa petite boîte, dans la ruralité on n'est pas forcément le premier à être reçu dans une banque multinationale. Mais enfin la Banque Postale c'est moi qui l'ai voulue aussi. Souvenez-vous j'avais toutes les autres banques contre moi à ce moment là et je n'ai pas cédé. J'ai dis à la Banque Postale vous allez pouvoir exister, mais je souhaite que la Banque Postale prenne une responsabilité particulière pour le financement des entreprises, des commerçants et des artisans en ruralité, je crois que c'est extrêmement important.

Je voudrais terminer par deux ou trois choses. D'abord la question des délocalisations. Je n'ai pas été élu pour voir tout notre tissu industriel partir. Je ne comprends pas pourquoi on est étonné de me voir me battre pour que la Clio 4 soit fabriquée en France plutôt qu'en Turquie simplement. Mais écoutez : on m'avait expliqué que les entreprises n'avaient plus de nationalité. Ça c'est quand cela va bien. Parce que c'est curieux, quand cela allait mal, elles ont toutes trouvé le bon guichet. Je veux dire, nos constructeurs n'ont pas été voir la Turquie ou la Slovénie, ils ont tout de suite dit : mais on est Français. Ah j'avais oublié ! Mais alors cela doit se traduire aussi dans le choix des sous-traitants ! On a prêté à nos constructeurs, c'est très bien ainsi. Mais on n'a pas prêté pour construire toutes les voitures à l'extérieur. Je ne vois pas pourquoi on est étonné que je demande cela ? L'Etat est actionnaire à 15% de Renault, dois-je laisser tout partir ? Dans ce cas là il ne fallait pas m'élire. De la même façon je ne considère pas comme normal que les deux tiers des effectifs de Renault soient à l'étranger, alors que les deux tiers des effectifs de PSA sont en France. Peut-être que l'on n'a pas suivi les choses d'assez près ? Bien sûr que je me suis battu pour Alstom, pour Sanofi et pour tant d'autres. Et c'est pour cela, je le dis aux élus ici que j'ai voulu la suppression de la taxe professionnelle. La taxe professionnelle n'existait qu'en France. Cela fait 25 ans que les élus de gauche comme de droite disent : il faut la supprimer. Mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait ?

Comment allons-nous garder nos entreprises ici et nos usines si on les soumet à des taxes qui n'existent pas ailleurs ? Alors je comprends, les élus me disent on est inquiets, qu'aurons-nous comme recettes ? D'accord. Mais si les usines se délocalisent, où seront les recettes ?

L'entreprise que je visitais ce matin, 8 millions d'euros de chiffre d'affaires, 150 000 € de taxe professionnelle en moins, cela valait la peine. Quand j'ai fait campagne pour l'élection présidentielle en 2007 tout le monde me parlait des délocalisations. Voilà ma réponse. Comme le crédit impôt recherche, comme les heures supplémentaires défiscalisées. Si en France on a les 35 heures et plus d'impôts que les autres, il ne faut pas s'étonner que tous nos emplois s'en aillent. 
C'est normal, c'est la raison pour laquelle j'ai remis en cause les 35 heures avec les heures supplémentaires et allégé la fiscalité pour que l'on garde ses entreprises. On ne peut pas continuer, on ne pouvait pas continuer comme cela.

Mais je voudrais aller plus loin et je le dis également à Michel MERCIER, je souhaite que l'on réhabilite la consommation des produits locaux. Par exemple, en laissant aux collectivités la faculté d'encourager l'utilisation des productions locales dans les cantines scolaires. Que l'on me comprenne bien. Bien sûr il faut des appels d'offres, bien sûr il ne faut pas de malhonnêteté. Mais enfin, il est quand même regrettable de ne pouvoir consommer des produits qui sont fabriqués juste à côté dans une cantine scolaire, ce qui ferait un marché considérable pour les productions locales.

Donc je souhaite, Michel, que l'on puisse là aussi par la loi, libérer les possibilités pour les productions locales, de faire ce que l'on appelle le Small Business Act. On n'est pas obligé de donner qu'aux grosses entreprises, on peut aussi faire travailler des petites boîtes de sa région, de son département, de sa commune avec des règles pour les marchés publics bien sûr. Mais enfin là on est passé dans un excès où l'on ne peut plus rien faire. Maintenant la prime est donnée non pas à celui qui prend des initiatives, mais à celui qui en fait le moins possible.

On pourrait parler de l'urbanisme aussi « C'est moche ce que vous avez construit. Oui, mais c'est légal ». Je souhaite que l'on fasse ça de manière très forte, parce que c'est un sujet considérable, notamment pour l'agriculture.

J'ai vu que l'on m'a interpellé sur l'agriculture. J'en ai parlé beaucoup, je vais continuer. Le ministre va défendre la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche avant l'été au Sénat pour renforcer la compétitivité de l'agriculture. Je voulais me consacrer à la ruralité. La ruralité, bien sûr c'est l'agriculture. Mais ça n'est pas que l'agriculture. Ce n'est pas un discours sur l'agriculture que je suis venu prononcer, c'est un discours sur la ruralité. C'est très important l'agriculture et loin de moi l'idée de la sous estimer, bien au contraire, on a augmenté de 25% les aides à l'agriculture. Simplement, je ne voulais pas donner le sentiment que le seul problème de la ruralité serait un problème agricole. On a un problème agricole avec des agriculteurs qui ont beaucoup souffert ; qui ont perdu 34% de leurs revenus. 54% pour les producteurs laitiers.

On va régler leur problème de compétitivité, avec la loi que nous avons prévue. Mais je ne voulais pas que cela soit un discours moitié agricole, moitié rural. Je voulais tout consacrer à la ruralité dans son ensemble.

Un mot simplement sur l'agriculture. Je souhaite qu'on libère les réseaux de distribution et que l'on puisse faire travailler dans des services publics des producteurs locaux. Je pars après-demain à Bruxelles. Je vais me battre sur la préférence communautaire. Ce n'est pas un gros mot ça non plus. Si nous avons fait l'Europe c'est parce que nous préférons l'Europe. Et l'Europe, son rôle est de protéger. Ce n'est pas d'exposer ou de nous affaiblir.

Je ne veux pas qu'on impose à nos agriculteurs et à nos éleveurs des règles de traçabilité et de sécurité sanitaire et que dans le même temps on continue à importer en Europe des produits, qui ne respectent aucune de ces règles. Cela n'a aucun sens. Aucun. Et je le dis d'ailleurs aux parlementaires, il n'est pas question que nous fassions la taxe carbone et que dans le même temps on ne pose pas la problématique de la taxe carbone aux frontières de l'Europe. Sinon on créé des distorsions de concurrence qui seront intolérables et que je ne laisserai pas faire. Cela s'appelle la préférence communautaire. D'ailleurs nous sommes bien sots de voir les choses comme cela. Les Américains qui sont très pragmatiques ont voté à la chambre des représentants une taxe carbone aux frontières. Je ne vois pas au nom de quoi l'Europe ne le ferait pas. Il ne s'agirait pas d'ailleurs de l'appliquer à tous les pays. Simplement pour les pays qui ne respectent pas les règles. Il ne s'agit pas de l'appliquer pour tous les produits, simplement pour les produits les plus importants. Cela s'appelle la réciprocité. Et le refus de la naïveté, qui conduit à la destruction des emplois chez nous. 
L'Europe ne doit pas être la variable d'ajustement.

Enfin, un mot aux élus. Je voudrais dire un mot aux élus du monde rural parce qu'ils font un travail extraordinaire. Parce que vous vous dévouez à la collectivité au sens le plus noble du terme. Et parce qu'être élu dans la ruralité, ce n'est pas un métier, c'est plus que du bénévolat, c'est un apostolat au service du public. J'ai voulu, et je remercie le Sénat d'avoir voté ce texte, la réforme des collectivités territoriales. Je voudrais m'en expliquer avec vous en quelques instants.

Je fais de la politique depuis 35 ans. J'ai exercé toutes les responsabilités, toutes les fonctions. Je mets au défi quiconque de m'expliquer comment cela fonctionne aujourd'hui. Mairie, communauté de communes, département, région, Etat, Europe. Voilà la raison qui explique que nous payons ici plus d'impôts qu'ailleurs. J'oublie les pays, les syndicats de communes, ... Et les élus qui sont ici, même les plus anciens, je les mets au défi d'expliquer comment cela fonctionne. A quel guichet il faut aller ? Quelles sont les compétences ? Non seulement on a ces 6 niveaux mais de surcroît les compétences sont les mêmes. Car tout le monde a la compétence générale. Tout le monde s'occupe de tout, personne n'est responsable de rien et c'est vous qui payez. Voilà le système tel qu'il est aujourd'hui. Pendant longtemps j'ai pensé, j'ai changé d'avis pourquoi ne pas le dire, qu'il faudrait certainement supprimer un niveau, le plus simple. C'était une mauvaise idée, trop simple pourquoi ? Parce que la France n'est pas une page blanche. Elle a une histoire la France. Allez, une identité.

Les départements ont une référence, une légitimité historique. Les régions ont une légitimité économique. Les communes ont une légitimité de proximité et d'affection. Donc, qu'est-ce qu'on a décidé et qu'est-ce qu'on fait ? D'abord j'ai souhaité qu'on ne touche pas aux communes. Parce que je n'ai jamais été de ceux qui ont demandé la fusion obligatoire des communes. C'est une force ce maillage de toutes ces communes et de tous ces conseils municipaux. Cela ne plaît pas beaucoup aux technocrates mais enfin peu importe, c'est plutôt une bonne nouvelle et donc la commune, on la protège, on lui laisse la compétence générale, on n'y touche pas. L'État naturellement doit garder la compétence générale. Mon souhait c'est de mettre un terme à la compétence générale du département et de la région. Il y a 20 Mds d'euros de dépenses publiques faites par les départements et les régions sur le même domaine. Et je salue l'initiative qu'ont prise mes amis et notamment Hervé NOVELLI, de dire que sur un même territoire il vaut mieux que le département et la région travaillent main dans la main. Ce sont les mêmes personnes. C'est le même territoire.

Donc vous allez à partir de 2014 voter pour un conseiller territorial qui sera à la fois conseiller général et conseiller régional. Est-ce que vous me comprenez ? C'est la même personne qui portera la politique de la région et la politique du département. Mais un jour ils se réuniront en formation départementale, un autre ils se réuniront en formation régionale. Entre parenthèses cela va nous permettre de passer le nombre d'élus de 6 000 à 3 000. Je ne suis pas persuadé que le problème de la France ce soit d'avoir trop peu d'élus ou trop peu d'administrations. Et naturellement les administrations devront suivre. Au lieu d'avoir une compétition, une concurrence, nous voudrions qu'il y ait une complémentarité. Voilà ce que l'on essaye de faire.

Il y aura bien d'autres choses, je ne veux pas vous ennuyer mais il restera toujours la possibilité pour le conseiller territorial d'aider de manière générale une commune. Naturellement. Notamment dans les territoires de ruralité. Sur la loi de compétence, on en parlera. Le mode de scrutin, on en discutera. Mais voyez-vous mes chers compatriotes, j'ai été élu pour résoudre les problèmes de la France, pas pour les éviter. Je ne dis pas qu'on le fait bien, je ne dis pas que tout est parfait mais cela fait tellement longtemps qu'on met la poussière sous le tapis, qu'on dit c'est pour l'autre. On ne peut plus agir ainsi. Il y a des élections, mais il y a toujours des élections. Non on ne peut pas, on vient d'être élus. Il faut voir le cortège de ceux qui font des commentaires sur mon action, assez nombreux. Mais qu'est-ce qu'ils proposent ? De faire plus tard et pas comme ça. D'accord. C'est classique, c'est toujours plus tard et c'est jamais comme ça. Mais à l'arrivée il faut bien résoudre les problèmes. Il faut bien apporter des solutions concrètes. On ne peut pas rester les bras croisés comme cela. Le monde bouge. Je souhaite que la France retrouve le chemin de la croissance et qu'à la fin de mon mandat on dise : « tiens au moins il a fait bouger les choses, il a apporté des réponses ».

Il y aura d'autres sujets que les assises nous ont demandé de traiter. 
L'équité de la distribution des dotations de l'État. Michel MERCIER et Brice HORTEFEUX et Alain MARLEIX vont travailler sur ce sujet parce que les charges de centralité, c'est une réalité mais je voudrais quand même dire une chose. A tous ceux qui défendent l'autonomie fiscale des collectivités, attention, cela se heurte à la péréquation. Il ne peut pas y avoir l'autonomie d'un côté et la péréquation de l'autre. Car s'il n'y a que de l'autonomie, cela veut dire que chacun garde ses richesses. Et s'il y a de la péréquation pour répartir mieux les richesses, cela veut dire qu'on prend à ceux qui sont les plus riches pour donner aux autres, pour aider les territoires qui ont le plus de handicap et le moins de potentialité. Donc là aussi je mets chacun devant ses responsabilités. Me dire il faut à la fois plus d'autonomie et plus de péréquation, ce n'est pas possible.

J'ajoute qu'il nous faut regarder un peu de l'autre côté de nos frontières, en Allemagne. Qui irait dire que les Länder allemands ne sont pas autonomes ? La totalité de leur financement, ce sont des dotations budgétaires. Donc, excusez-moi, l'autonomie ce n'est pas la folie fiscale, qui consiste à augmenter les impôts chaque année et à créer des emplois de fonctionnaires sans savoir qu'il faut payer les additions chaque année de manière récurrente alors que le pouvoir d'achat n'augmente pas suffisamment pour payer toutes les augmentations d'impôts. C'est cela aussi qu'il faudra répéter de temps en temps. Si l'autonomie c'est le droit d'augmenter les impôts et de créer des emplois de fonctionnaires qu'on n'a pas les moyens de financer, je ne suis pas sûr qu'on y gagne.

Voilà Mesdames et Messieurs, il y a bien d'autres sujets. Le sujet spécifique à l'ingénierie, Michel, il faut s'en occuper là aussi. Les dossiers sont de plus en plus compliqués à monter. Je souhaite qu'avec les préfets, Monsieur le préfet, vous ayez une enveloppe spécifique réservée à l'ingénierie de projets des petites communes et des petites intercommunalités. Je pense que ça aussi c'est exactement le même esprit, le refus de l'assistance et la promotion de la création de richesses. Et l'intercommunalité ? Une petite commune, quand elle a un projet, elle n'a pas le directeur financier ou le directeur juridique qui lui permet. Dorénavant les préfectures se verront donner un budget pour financer l'ingénierie des élus. Vous comprenez ? Quand on fait une maison de santé, quand on développe un service, une zone artisanale, pour que vous ne soyez pas laissés seuls à vous-même.

Voilà Mesdames et Messieurs, mes chers compatriotes, le Premier ministre va réunir dans les semaines qui viennent un comité interministériel d'aménagement du territoire, qui va nous permettre d'acter notre plan d'ensemble. Et surtout je le ferai avec le souci d'expliquer que l'égalité ce n'est pas forcément l'uniformité. Je voudrais que l'on sorte de cette idée étrange qui veut qu'on préfère que tous les trains arrivent en retard plutôt que quelques uns à l'heure. Et que ce n'est pas mettre en cause l'unité nationale que de permettre des équilibres et des organisations différenciés selon les régions. On ne gère pas un département, une région de la ruralité comme un département, une région de l'Ile-de-France. Donc mettons de la souplesse dans notre organisation. L'égalité c'est donner à chacun en fonction de ses mérites et de ses handicaps. Cela n'a rien à voir avec l'uniformité. Si on donne à chacun exactement la même chose, on privilégie ceux qui dans la vie partent de moins loin.

Voilà mes chers compatriotes, j'espère que vous avez compris que pour moi, pour le Gouvernement, l'avenir de la ruralité sera un sujet majeur de cette année 2010. 
Merci beaucoup.

 

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 21:59
04 Pompidou.JPG 
©La documentation française

Georges Pompidou a été pendant près de vingt-cinq ans un collaborateur très proche du Général de Gaulle. Il est entré dans l'histoire de France en devenant son Premier ministre durant plus de six ans et en lui succédant à la présidence de la République pendant cinq ans.

Georges Pompidou est né le 5 juillet 1911 à Montboudif village d'Auvergne de parents instituteurs. Son père exerça d'abord son métier dans le Cantal et devint plus tard professeur d'espagnol à Albi où le futur Président fit toutes ses études jusqu'au baccalauréat' obtenant un premier prix au concours général de version grecque. Il restera très attaché au pays d'origine de sa famille et se référera constamment aux valeurs de l'école républicaine : "droiture et travail ; respect du mérite et des vertus de l'esprit".

Il vint ensuite préparer l'Ecole Normale Supérieure au Lycée Louis-le-Grand à Paris et réussit le concours en 1931. Il se créa alors beaucoup d'amitiés qui compteront fortement dans sa vie notamment avec Leopold Sedar Senghor qui fut plus tard le premier - et prestigieux - Président de la République du Sénégal. Ses goûts déjà anciens pour la littérature et plus particulièrement la poésie - dont il publiera en 1961 une Anthologie précédée d'une longue préface explicitant avec brio ses préférences - et plus nouveaux pour les arts' s'épanouirent alors. Premier à l'agrégation des lettres en 1934 et diplômé de l'Ecole libre des Sciences Politiques' il enseignera trois ans à Marseille puis à Paris. 

Puis vint la rencontre avec le Général de Gaulle: il entre au cabinet du chef du gouvernement provisoire en septembre 1944. Très vite il devient l'un de ses plus proches collaborateurs. Et le Général quittant le pouvoir en 1946' il entre au Conseil d'Etat mais poursuit sa collaboration auprès de lui en 1947 secrétaire général du comité d'études que celui-ci suscite pour préparer les réformes à introduire lors d'un futur retour au pouvoir ; de 1948 à 1953 chef de cabinet du Général. Puis Georges Pompidou se tourne pour quelques années vers la vie économique et l'entreprise expérience qui sera déterminante pour l'organisation de l'essor économique de la France lorsqu'il en aura plus tard la responsabilité. 

Dès le retour du Général de Gaulle au pouvoir en 1958 celui-ci l'appelle à nouveau auprès de lui pour diriger son cabinet de dernier Président du conseil de la IVe République. Du 1er juin 1958 au 7 janvier 1959 il aura à ce titre les pouvoirs les plus étendus. Et les proches témoins de cette époque considèrent qu'il a eu un rôle primordial dans l'organisation de la Ve République la préparation de la nouvelle Constitution la remise en ordre de l'économie et de la monnaie l'entrée effective de la France dans la Communauté Economique Européenne (devant laquelle la France hésitait encore dans la période suivant immédiatement le traité de Rome texte fondateur signé en 1957). Georges Pompidou n'était pas loin d'exercer en fait les responsabilités qui incombèrent ensuite au Premier ministre dans la nouvelle Constitution instaurant la Ve République. 

Le Général de Gaulle élu à la présidence Georges Pompidou retourna pour quelque temps vers le monde de l'entreprise mais continua à accomplir les missions que lui confiait le nouveau chef de l'Etat. Il fut notamment chargé comme porte-parole officieux du Général de débloquer les négociations avec le F.L.N. algérien en 1961.

Mais' en avril 1962' le Général de Gaulle tint à faire appel à lui à nouveau pour une plus haute tâche'alors qu'il n'avait encore jamais exercé un quelconque mandat électif.

Comme le dépeignent les Mémoires d'Espoir du Général' "il se voit soudain' sans l'avoir cherché' investi d'une charge illimitée jeté au centre de la vie publique' criblé par les projecteurs concentrés de l'information" en tant que Premier ministre. Les circonstances mais aussi l'intimité intellectuelle et le fidèle attachement qui l'unissaient au Général de Gaulle firent que celui-ci le maintînt dans ses fonctions "plus longtemps qu'aucun chef de gouvernement ne l'était resté depuis un siècle". Ainsi que l'exprimait François-Xavier Ortoli - longtemps directeur de cabinet de Georges Pompidou à Matignon - les collaborateurs des deux hommes d'Etat auraient "eu bien du mal alors à pénétrer dans la chimie des rapports entre les deux hommes et dans beaucoup de cas à peser à l'occasion de tel ou tel dossier ce qui était dû à l'initiative de l'un ou de l'autre ce qu'avaient apporté le frottement des idées l'ajustement des conceptions". 

C'est donc ensemble que la guerre d'Algérie s'achevant et les énergies françaises étant libérées pour d'autres tâches le Président de la République et le Premier ministre rénovèrent la France et son économie. 
Il fallait permettre à tous les Français de bénéficier des progrès techniques et de la croissance économique qu'ils rendaient possible ; il n'était pas admissible en revanche que par leur brutalité ces transformations se traduisent par des souffrances sociales insupportables. Comme l'écrivait Georges Pompidou "il n'était pas imaginable que la France accomplisse les mutations nécessaires dans les formes où s'était faite la révolution industrielle du siècle précédent". 

C'est aussi l'essor économique qui a permis qu'une France forte puisse recommencer à peser dans les affaires du monde' en prenant son indépendance vis-à-vis des blocs regroupés autour des Etats-Unis et de l'U. R.S.S.' mais en développant ses relations avec chacun de leurs membres et avec tous les Etats souhaitant s'en distinguer. 

Le Gouvernement mit en oeuvre la rénovation nécessaire : politique d'industrialisation active et de regroupement des entreprises pour faire face à la concurrence européenne et internationale; planification d'autant plus nécessaire qu'une partie importante de l'économie relevait alors d'entreprises d'Etat; politique d'aménagement du territoire voulue dès les premières semaines de son Gouvernement par Georges Pompidou qui créa aussitôt un instrument de coopération interministérielle alors très novateur' la Délégation à l'aménagement du territoire (D.A.T.A. R.); adaptation de l'administration notamment pour mettre en oeuvre les orientations fixées par le Général en Ile-de-France; énorme effort de construction d'établissements scolaires pour répondre à l'allongement des études jusqu'à seize ans; redémarrage de la construction de logements; mais aussi protection du patrimoine; débuts du réseau autoroutier; modernisation agricole permise par les débouchés du Marché commun et la mise en place de moyens d'adaptation progressive du monde rural; progrès sociaux notamment en matière de protection contre le chômage et de participation des salariés aux bénéfices et aux profits des entreprises par "l'intéressement".

Vint cependant la crise de 1968 pendant laquelle la République parut ébranlée. Le calme avec lequel Georges Pompidou géra cette crise permit au Général de Gaulle' le moment venu' de retourner le cours des événements et de rétablir le fonctionnement normal de nos institutions.

La longue collaboration avec le Général de Gaulle s'interrompit alors.

Mais en avril 1969 le projet de régionalisation et de réforme du Sénat fut rejeté par le peuple français. Une nouvelle élection présidentielle s'ouvrit le 15 juin 1969 Georges Pompidou fut élu au deuxième tour avec plus de 11 millions de voix (58'2 % des suffrages exprimés) contre moins de 8 millions à Alain Poher.

Après cette élection la Constitution resta appliquée sans restriction irréversiblement acceptée telle que l'avaient établie l'approbation du peuple français et la pratique du Général de Gaulle ; la prééminence du Président de la République fut durablement confirmée.

Mais la continuité n'excluait pas la novation découlant des circonstances et de la propre personnalité du chef de l'Etat. Politiquement l'ouverture était acquise et une majorité présidentielle se dessinait' marquant un nouveau mode de coopération entre le Gouvernement et le Parlement.

La politique internationale a toujours été la première des responsabilités des chefs d'Etat de la Ve République. L'Europe était alors en crise elle ne progressait plus ; le Marché commun agricole risquait de régresser faute de financement ; nos partenaires soumettaient la consolidation de la construction européenne à l'entrée de la Grande-Bretagne. Georges Pompidou' convaincu que la prospérité de notre pays et la possibilité pour la France de continuer à jouer un rôle dans le monde dépendaient de la réussite de l'Europe' renoua la négociation et eut la chance d'avoir rapidement comme interlocuteur en tant que Premier ministre britannique Edward Heath fervent européen lui aussi. Il suscita' dès décembre 1969 le sommet européen de La Haye qui rétablit la concorde entre les six membres fondateurs de la Communauté Européenne définit les conditions de la négociation avec la Grande-Bretagne' amorça l'Union Economique et Monétaire et ébaucha une coopération politique destinée à déboucher sur l'Union Politique inscrite par les négociateurs dans leurs conclusions. Les 20 et 21 mai 1971' à Paris' Georges Pompidou et Edward Heath purent annoncer leur accord sur les conditions de l'élargissement' confirmé par la signature du Traité le 22 janvier 1972 et le référendum du 23 avril 1972.

L'Europe pouvait ainsi repartir de l'avant et notamment l'entente franco-allemande qui restait un fondement essentiel de notre politique extérieure et la base irremplaçable de la coopération européenne. 
La réussite de l'Europe élargie nécessitait aussi une bonne entente avec les dirigeants des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. Le Président de la République réserva aux Etats-Unis son premier voyage officiel à l'étranger en février-mars 1970 où il exprima dans une série de grands discours ses vues à long terme sur le monde de ce temps notamment à propos de l'évolution de la société de l'organisation de l'économie et des échanges de l'environnement textes qui resteront la base de son action tout au long des cinq ans de son mandat présidentiel. Il rencontra encore à trois reprises le Président Richard Nixon' notamment en décembre 1971 aux Açores où ils fixèrent ensemble les grandes lignes d'une réorganisation monétaire mondiale' malheureusement sans résultat durable.

La France n'avait pas' pour autant renoncé à son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Des divergences commerciales monétaires politiques (Proche-Orient relations avec l'U. R.S.S.) culminèrent avec la crise pétrolière de la fin de 1973 et le refus par la France d'un accord général des pays consommateurs de pétrole' en février 1974 à Washington.

Avec l'U. R.S.S. alors dirigée par Leonid Brejnev ainsi qu'avec les autres pays de l'Est des relations étroites s'établirent aussi. Cinq rencontres eurent lieu' en cinq ans' entre Leonid Brejnev et Georges Pompidou. Des relations indépendantes avec chacun des pays de l'Est se renforcèrent. La conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe à laquelle s'attacha Georges Pompidou dès septembre 1969' permit de commencer à sortir de l'emprise des deux grands blocs pour déboucher après la mort du Président Pompidou sur l'émancipation des Etats à leur égard. Au "condominium" des deux grands empires que craignait Georges Pompidou' se substituaient' progressivement' la détente et l'indépendance de tous les Etats d'Europe.

La France poursuivit aussi sa coopération politique et économique avec tous les pays indépendants et en priorité avec ceux d'Afrique francophone. 

Pour mener cette politique active avec des chances de succès encore fallait-il que la France fût forte et son économie en rapide progrès. Georges Pompidou privilégia donc la croissance dans la préparation du VIe Plan. De 1968 à 1973 en cinq ans le volume de biens et services mis à la disposition des Français s'accrut de plus de 40 %. Et l'industrie fournit chaque année près de 100 000 emplois supplémentaires.

Le nombre des très grandes entreprises et celui des établissements de taille moyenne restaient cependant insuffisants comparés à ceux de nos principaux concurrents. Une politique pragmatique de regroupement et de restructuration eut pour objet d'y remédier.

Néanmoins grâce à cette croissance rapide des moyens importants purent être dégagés afin de développer nos infrastructures. Quatre-cents kilomètres d'autoroutes supplémentaires furent mises en chantier chaque année le retard de notre réseau téléphonique commença à se résorber la décision de construire le premier T.G.V. Paris-Lyon fut prise et à la suite de la crise pétrolière' un vaste programme de construction de centrales électro-nucléaires fut lancé ce qui donna ultérieurement à la France une indépendance énergétique sensiblement supérieure à celle de ses voisins. Cet effort d'équipement s'élargit à une grande partie de l'Europe.

Ainsi fut adopté en 1973 à l'initiative de la France' un programme européen de lanceurs et satellites qui permet' aujourd'hui encore à l'Europe d'être la première sur le marché mondial.

Les fruits de la croissance permirent aussi d'améliorer le cadre de vie et d'offrir à chacun des chances accrues d'épanouissement personnel.

La crise du logement fut résorbée avec la construction chaque année de quelque 500.000 logements. Le budget de l'Education nationale dépassa désormais celui de la Défense. Un nouveau ministère celui de l'Environnement fut créé pour donner aux villes et aux campagnes de France un visage plus accueillant. L'agriculture grâce aux débouchés du Marché commun et à une politique différenciée selon les régions maintint en vie la plus grande partie de la France rurale. Et une politique ambitieuse de la Culture fut conduite symbolisée par le Centre qui porte aujourd'hui le nom du Président mais imprégnant toutes les activités de l'esprit et des arts.

En matière sociale aussi un effort sans précédent fut mené pour diminuer les inégalités et réduire les injustices par la loi et la politique contractuelle mensualisation des ouvriers nouvelle loi sur le salaire minimum actionnariat des salariés extension de la formation professionnelle accroissement et aménagement des retraites renouveau de la politique familiale et des aides personnelles au logement préparation d'une loi sur les handicapés.

Tout n'avait pas encore abouti à la fin d'un mandat présidentiel qui s'interrompit brutalement le 2 avril 1974 après quatre ans et neuf mois seulement. Mais le bilan était néanmoins considérable et la France avait été conduite jusqu'au dernier jour' avec fermeté et lucidité comme en ont témoigné notamment ceux qui assistaient au dernier Conseil des ministres présidé par Georges Pompidou moins d'une semaine auparavant.


Sources: Association Georges Pompidou, Archives nationales, INA

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 00:53

 

http://www.elysee.fr/president/root/bank_objects/T6-F14D3616.jpgChers Collègues,

A Pittsburgh, nous nous sommes engagés à faire du G20 le premier forum de coopération économique internationale. En tant que présidences passées, actuelles et futures des Sommets des Chefs d'Etat et de Gouvernement du G20, nous vous écrivons aujourd'hui pour souligner la nécessité de mettre en oeuvre nos engagements de coordonner nos politiques macro-économiques et de continuer les réformes en vue d'une meilleure régulation et d'un renforcement du système financier international. 

La semaine dernière, nos sherpas se sont réunis à Ottawa pour analyser les éléments clés de l'agenda du G20 en 2010 et pour préparer les principaux travaux qui sont devant nous. Des progrès significatifs ont été faits au cours de cette réunion pour préparer les sommets de Toronto puis de Séoul. Cette réunion a également mis en valeur l'impact important des actions résolues que nous avons prises collectivement lors de nos trois derniers Sommets. Ensemble, nos efforts ont permis de stimuler la reprise de l'économie mondiale et ont évité un effondrement complet du système financier. 

Mais notre travail n'est pas encore achevé. La reprise en cours de l'économie mondiale reste fragile. Les tensions actuelles illustrent les risques qui persistent pour l'économie mondiale et la stabilité financière. Il est vital que dans une approche éclairée de nos intérêts nationaux, nous continuions à travailler sur nos objectifs communs : faire face aux nouveaux risques, maintenir la stabilité financière, et permettre un retour à une croissance forte et créatrice d'emplois pour nos économies. Notre but doit être de renforcer le système financier et de construire une économie mondiale plus solide, fondée sur une croissance durable et une prospérité pour tous. 

Notre premier objectif est de retrouver une croissance durable et créatrice d'emplois. Pour l'atteindre, nous devons élaborer des stratégies coordonnées afin que nos politiques budgétaire, monétaire, commerciale et de change ainsi que nos réformes structurelles soient cohérentes avec une croissance forte, durable et équilibrée. Il est de l'intérêt de chaque pays et de chaque région de contribuer à ces objectifs au travers d'une meilleure coopération internationale. 

Nous comprenons tous que les déséquilibres commerciaux, budgétaires et structurels actuels ne conduiront pas à une croissance élevée et stable. Sans action coordonnée pour faire les nécessaires ajustements, le risque d'une croissance faible et d'une nouvelle crise demeure. Tous les pays du G20 doivent mettre en oeuvre rapidement le nouveau cadre décidé à Pittsburgh pour rendre compte de ce que chacun d'entre nous peut faire pour contribuer à une croissance forte, durable et équilibrée. 

Sur la base du rapport du FMI sur nos politiques macro-économiques et leur cohérence, nous devrons nous mettre d'accord à Toronto sur les principaux risques qui menacent la stabilité économique et la croissance durable. Nous devrons définir les options politiques qui serviront de base à nos actions pour réduire ces risques. Nous devrons aussi développer des recommandations spécifiques de politique économique en vue du Sommet de Séoul en novembre. 

Nous devons nous assurer que les institutions financières internationales puissent faire face aux besoins de l'économie mondiale actuelle. Les réformes sont nécessaires pour renforcer leur crédibilité, leur légitimité et leur efficacité afin de refléter la forte croissance des économies émergentes dynamiques et qu'elles disposent des moyens pour favoriser la croissance durable, promouvoir la stabilité financière et améliorer les conditions de vie des plus pauvres. Nous devons mettre en œuvre et finaliser la réforme de la gouvemance de ces institutions que nous avons décidée dans les délais prévus. 

Le G20 doit aller au-delà de simples positions de principe sur le commerce et le protectionnisme. S'agissant du cycle de Doha, nous devons déterminer si nous pouvons atteindre un niveau d'ambition plus élevé pour rendre un accord possible. Depuis l'été dernier, plusieurs pays ont engagé des contacts directs entre eux pour faire progresser cet objectif. Pour atteindre une conclusion positive, nous devons donner une impulsion politique à nos négociateurs. Ceci devra aussi être reflété dans les actions que nous mènerons au niveau national. Nous devons continuer de résister aux pressions protectionnistes, et promouvoir une libéralisation du commerce et des investissements par la réduction des barrières nationales et par des accords bilatéraux et régionaux. 

Nous devons également agir pour améliorer l'accès à des sources d'énergie propres, diversifiées, fiables et bon marché, qui sont essentielles pour une croissance durable. Nous devons relancer nos travaux sur le fonctionnement du marché des matières premières et retirer progressivement les subventions inefficaces aux énergies fossiles qui créent des distorsions de marché et entravent les investissements dans les énergies propres du futur. 

Collectivement, nous avons fait des progrè,, réguliers pour stabiliser le système financier mondial en renforçant la surveillance prudentielle, la gestion des risques, la transparence et la coopération internationale. Si la confiance dans le système financier a été rétablie, il nous reste du travail à faire pour rétablir la solidité du bilan de certaines banques internationales et éviter que le système ne soit vulnérable et ne soit pas en mesure de financer les besoins liés à la reprise de la croissance. 

Nous devons mettre en oeuvre conjointement l'ensemble de nos engagements pour remédier à toutes les faiblesses qui ont conduit à la crise. Nous devrons maintenir notre vigilance sur les réformes indispensables et ne pas céder à la complaisance pendant la reprise.

Nous devons résolument poursuivre nos engagements:

  • de développer d'ici la fin de l'année, des règles internationales renforcées sur le capital et la liquidité pour que les banques disposent de capitaux suffisants pour couvrir les risques qu'elles prennent. Ces règles seront complétées par un ratio d'effet de levier pleinement harmonisé qui s'intégrera dans la cadre défini par le Comité de Bâle. Ces nouvelles règles devront être mises en oeuvre dès que les conditions financières seront normalisées et que la reprise économique sera pleinement installée. Notre objectif est celui d'une mise en oeuvre au niveau national d'ici la fin 2012. Tous les centres financiers majeurs devront appliquer Bâle 2 en 2011 ; 
  • renforcer les infrastructures des marchés financiers clés pour améliorer leur résistance et réduire les risques de contagion. Tous les produits dérivés de gré à gré éligibles devront être négociés sur des marchés réglementés ou sur des plates-formes électroniques et compensés par des chambres de compensations centrales. Ceci devra être fait pour 2012 au plus tard. Les produits dérivés devront être enregistrés dans des bases de données centrales; 
  • encadrer ensemble les politiques de rémunérations qui encouragent les prises de risques excessives et le court terme, en mettant en oeuvre pleinement les règles définies par le Conseil de Stabilité Financière agréées au niveau international ; 
  • créer un cadre pour traiter le cas des institutions financières internationales de nature systémique, en créant des groupes de gestion de crises pour les grandes institutions internationales et des outils de gestion qui permettront de réduire l'aléa de moralité. Les normes prudentielles pour les établissements systémiques devraient être proportionnelles aux coûts pouvant engendrer leur éventuelle faillite; 
  • montrer l'exemple dans la mise en oeuvre des standards internationaux en nous soumettant des revues par les pairs périodiques pour en évaluer le respect. Mettre en oeuvre le calendrier ambitieux de revue par les pairs que nous avons fixé pour 2010 est essentiel.

A Toronto, nous discuterons du rapport que nous avons demandé au FMI sur les options que les pays ont adopté ou qu'ils envisagent pour que le secteur financier contribue de manière équitable et significative aux coûts associés aux interventions des Etats. 

Nos Ministres des Finances et les Gouverneurs des banques centrales évalueront les progrès réalisés et nous feront rapport à Toronto et Séoul sur les actions prioritaires pour tenir nos engagements et sur l'impulsion politique éventuellement nécessaire pour tenir les échéances que nous nous sommes fixées. 

Il est temps aujourd'hui que les Chefs d'Etat et de Gouvernement du G20 réaffirment leur engagement en faveur des objectifs de réformes ambitieux sur lesquels nous nous sommes mis d'accord. Il est aussi temps d'explorer les approches coopératives à mettre en œuvre pour atteindre nos objectifs communs. Nous savons tous qu'un accord n'est qu'un début. Ce qui importe, c'est d'agir. Les défis auxquels nous faisons face sont importants, mais le bénéfice que nous tirerons de nos succès sera plus grand encore. Nous sommes confiants qu'en agissant ensemble, avec un but commun et une volonté partagée, nous pouvons délivrer la croissance durable et la prospérité que nos concitoyens méritent. 

Nous vous prions d'agréer, Chers Collègues, l'expression de nos sentiments les meilleurs.

 

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 00:45

 

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ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

New York (États-Unis) -- Lundi 29 mars 2010


Monsieur le Président de l'Université de Columbia, 
Mesdames et Messieurs les Professeurs, 
Chers amis, 

Je vais essayer d'être à la hauteur de votre Université prestigieuse. Et la première règle, c'est de ne pas lire un discours. Parce que les discours tuent la créativité. Si on vient pour lire un discours, il n'y a qu'à envoyer le discours et faire l'économie du voyage.

Moi je veux vous parler franchement, en ami, ce qui ne veut pas dire que l'on sera d'accord sur tout. A travers vous, je veux parler au grand peuple des Etats-Unis d'Amérique pour que vous compreniez que l'Europe et les Etats-Unis, nous devons travailler ensemble. En Europe, on est vos amis. En Europe, on vous admire. Vous n'avez pas à vous inquiéter avec cela. Mais en Europe, on veut qu'aux Etats-Unis, on nous entende, on nous écoute, on réfléchisse ensemble.

Vous appartenez à un pays qui est le premier pays du monde par sa puissance, par sa monnaie, par son économie, par son armée. Vous devez bien réfléchir à cela. Que signifie être la première puissance du monde ? La première puissance du monde doit porter un leadership, mais la première puissance du monde doit considérer, parce qu'elle est puissante, qu'elle doit partager, qu'elle doit écouter, qu'elle doit débattre, qu'elle doit échanger.

Nous sommes au XXIème siècle. Il n'y a pas un seul pays dans le monde qui, au XXIème siècle, peut diriger tout seul le monde. Au XXème siècle, c'était possible, au sortir de la deuxième guerre mondiale, on pouvait imaginer une puissance. Au XXIème siècle, on doit tous comprendre que pour diriger le monde, un monde devenu multipolaire, il faut accepter que la force implique le dialogue, parce qu'on est fort, on est capable de dialoguer. Dans l'histoire du monde, il n'y a que les faibles qui refusent le dialogue. C'est un changement considérable le XXIème siècle de ce point de vue. Une seule nation aussi forte soit-elle, ne peut pas imposer ses vues au monde entier.

Une deuxième chose dont je suis certain, c'est qu'au XXIème siècle, nous devons inventer de nouvelles réponses. Et ces nouvelles réponses, c'est nous, les hommes d'Etat d'aujourd'hui, et vous, les dirigeants de demain, qui devrez les imaginer. De ce point de vue, la crise que nous avons connue il y a dix huit mois, nous offre des opportunités extraordinaires. Beaucoup de choses sont à réinventer.

Et la troisième idée que je voudrais vous faire partager, c'est que si l'Europe et les Etats-Unis n'inventent pas ce nouveau modèle, personne ne le fera à notre place. Il faut bien comprendre cela. Seule l'Europe ne pourra pas imposer ses idées, seuls les Etats-Unis ne pourront pas imposer leurs idées. Et si nous n'apportons pas de nouvelles idées, personne ne le fera à notre place.

C'est la raison de mon voyage et de tous les choix politiques que j'ai posés depuis que j'ai été élu Président de la République française. J'ai voulu que la France revienne dans l'OTAN totalement. Pourquoi l'ai-je voulu ? Parce que je voulais d'un dialogue franc, sans arrière pensé avec les Etats-Unis. Lorsque la France n'était pas pleinement dans l'OTAN, quand la France faisait une remarque, il y a avait la suspicion d'une entente non complète avec les Etats-Unis. Maintenant nous sommes revenus dans l'OTAN, nous sommes vos alliés. Vous n'avez rien à craindre de ce point de vue. La seule chose que j'ai demandée à votre Président, au Président OBAMA, c'est qu'on puisse avoir un dialogue libre. Je vais prendre des exemples.

Lorsqu'il y a eu la crise économique et que l'administration américaine a laissé tomber Lehman Brothers, il faut que vous compreniez que ce fut un désastre aux Etats-Unis, mais que ce fut un désastre dans le monde entier. Dire cela, ce n'est pas reprocher quoi que ce soit, c'est faire comprendre une réalité, le monde est totalement interdépendant. Ce que vous réussissez ici sera un succès pour le monde entier. Ce que vous ratez ici, sera un échec pour le monde entier. Cela nous crée une responsabilité, ensemble.

A partir de ce moment, que peut-on faire ensemble ? Nous, nous admirons le modèle économique américain, nous admirons vos entreprises, nous admirons vos universités. J'ai voulu d'ailleurs une réforme des universités françaises à l'image de celles que vous connaissez ici, les droits d'inscription en moins.

Mais en même temps, la régulation économique mondiale ne peut plus demeurer ce qu'elle est. Nous ne pouvons plus accepter un système capitaliste où il n'y a pas de règle, pas d'organisation, pas de régulation. Je sais bien quand un Français vient ici, il est toujours suspect. Est-ce qu'il n'est pas un peu protectionniste ? Est-ce qu'il n'est pas un peu socialiste ? Est-ce qu'il est assez libéral ?

Je vais vous dire une chose, en demandant la régulation du capitalisme, je pose les bases qui sauveront le capitalisme. L'économie de marché et le capitalisme sans règle, ce sera la mort du capitalisme. Parce qu'un jour, les gens n'accepteront plus que se reproduise ce qui s'est produit il y a dix huit mois. Je vais m'en expliquer la aussi. Que des Américains gagnent beaucoup d'argent, que des Européens gagnent beaucoup d'argent, quoi de plus naturel ? Mais on ne peut pas gagner à tous les coups. On ne peut pas avoir les bonus un jour et se dire « pas de malus » si cela va mal. Lorsqu'il y a eu la crise, j'ai demandé à mes propres collaborateurs : « est-ce qu'on ne peut pas donner un malus à tous ceux qui nous ont amené où on en est ? » Ils m'ont dit : « c'est impossible de trouver les responsables ». Je leur ai dit : « d'accord, sortez donc la liste de ceux qui l'année dernière, quand cela allait bien, avait des bonus et collez leur un malus ».

Voilà un système dont nous ne voulons plus. Un système où quand cela marche on trouve les responsables et quand cela ne marche pas, on ne sait pas où sont les responsabilités. Est-ce que je me fais comprendre ? L'économie de marché, c'est la responsabilité. Il ne peut pas y avoir des responsables quand on gagne plus, et pas de responsable quand on gagne moins.

Je veux rendre hommage au courage du Président OBAMA, parce qu'au Sommet de Londres, nous avons voulu mettre fin aux paradis fiscaux. Vous devez, vous les jeunes, comprendre à quoi cela sert-il de mettre des règles dans notre société, si il suffit d'avoir une filiale dans un paradis fiscal pour s'exonérer de toutes les règles ? Qui peut comprendre cela ? Il y a des centaines de milliers, peut-être des millions d'Américains qui ont perdu leur logement, qui ont perdu leur emploi du fait de la crise. Ils n'y étaient pour rien et ils se retrouvent sans rien. Est-ce que c'est normal ?

En Europe, dans toutes les économies, le chômage augmente. La ministre de l'Economie française est ici. Qu'est-ce que vous croyez qu'on peut dire à un chômeur il n'y est pour rien et qui voit que l'économie mondiale a manqué de s'écrouler, parce que quelques centaines d'irresponsables ont fait n'importe quoi avec la bourse, avec des produits dérivés, avec l'argent des autres ? Est-ce que vous croyez qu'on pourra défendre le capitalisme, le libéralisme et l'économie de marché avec tant d'injustice ? Moi je pense que l'on ne pourra pas le défendre, parce que c'est indéfendable.

Demain je verrai le Président OBAMA. Qu'est-ce que j'ai envie de voir avec lui ? De quoi allons-nous parler ? D'une chose, comment peut-on faire ensemble pour ce que l'on a connu il y a dix huit mois, cela ne recommence pas. C'est notre seule responsabilité.

Il y a dix huit mois, quand c'est arrivé, tout a manqué d'être emporté. Tout. Et quand je vois qu'aujourd'hui les mêmes sont prêts à recommencer les mêmes erreurs, je ne veux pas être complice de cela. Est-ce que c'est compris ? Je ne le veux pas, et je ne le serai pas, parce que la prochaine crise, nous les Etats sommes tellement endettés qu'on ne pourra pas poser les digues pour empêcher la catastrophe.

Donc, ce que je voudrais que vous compreniez, c'est que Europe et Etats-Unis, nous pouvons inventer les règles qui vont stabiliser l'économie mondiale. Il ne s'agit pas de passer d'une absence de règle à un excès de règle, il s'agit de réguler l'économie de marché mondial. Voilà, et de ce point de vue, si l'Europe peut s'appuyer sur les Etats-Unis, alors nous gagnerons. Si les Etats-Unis et l'Europe s'affrontent, alors nous perdrons ensemble. C'est l'Europe et les Etats-Unis qui pourront inventer la nouvelle économie mondiale.

Le deuxième exemple que je voudrais prendre : les matières premières, le prix du pétrole. Est-ce qu'il est normal qu'en moins de deux ans, le pétrole passe de 30 dollars le baril de Brent à 150 dollars ? Trop cher un jour, pas assez un autre jour. Est-ce qu'on n'a pas intérêt à poser, nous les économies consommatrices d'énergie fossile. Et les pays producteurs de pétrole, les bases d'une régulation qui permettrait d'avoir un prix du bail de pétrole, par exemple à 80 dollars. Est-ce que ce n'est pas notre intérêt ? Quand le baril de pétrole était trop élevé, nous allions voir les pays producteurs pour leur dire : « c'est trop cher ». Mais quand le pétrole a baissé, on se frottait les mains. Nous étions irresponsables. Je parle du pétrole, je pourrais parler du gaz, je pourrais parler de l'ensemble des matières premières. Nous devons réguler l'économie mondiale. C'est notre responsabilité de porter cela.

Troisième élément, il y a dans la salle M. STIGLITZ, prix Nobel d'économie, un homme pour qui j'ai beaucoup d'admiration. Je lui ai confié, avec Jean-Paul FITOUSSI, une commission pour inventer, et cela concerne les étudiants que vous êtes, des nouveaux critères pour mesurer la croissance. Si nous gardons ensemble des critères qui mesurent la croissance uniquement quantitatifs, alors nous ne pourrons pas avoir la croissance durable. Nous devons mesurer différemment l'évolution de notre économie comme on doit le faire au XXIème siècle qui n'est pas le même siècle que le XIXème siècle. Le bien être, l'éducation, le prix de notre environnement sont des éléments que nous devons intégrer dans la mesure de notre économie. Si nous mesurons notre économie uniquement avec des critères quantitatifs, alors nous serons incapables de doter le monde d'une économie qualitative. Là aussi, il nous faut faire preuve d'imagination, comprendre.

Enfin, dernier exemple, l'économie de marché. C'est une économie de production qui crée de la valeur. Ces vingt dernières années, l'économie mondiale est devenue une économie de spéculation. Nous nous sommes engagés pour une économie de production, pas de spéculation. Qu'un créateur, qu'un Bill Gates gagne beaucoup d'argent parce qu'il a créé de nouveaux concepts, qu'il a fait de nouvelles découvertes, qu'il a donné du travail à des dizaines de milliers de personnes dans le monde, c'est normal. Qu'on fasse beaucoup d'argent sur la spéculation, pour savoir si à la bourse de New York on va dépasser les 6 000 points ou les 7 000 points, ce n'est pas le système dans lequel je veux vivre. Et en évitant que le capitalisme et l'économie de marché ne se caricaturent, nous sauverons l'économie de marché et le capitalisme. Et pour cela, nous avons besoin que le grand peuple américain comprenne que l'absence de règle tue la liberté, qu'il n'y a pas de liberté sans un minimum de règle, qu'un Etat de droit, cela signifie quelque chose, que tout n'est pas permis. Si le grand peuple des Etats-Unis d'Amérique comprend ce message et se lance dans la bagarre pour inventer les nouvelles normes, alors le monde se dotera de norme équilibrée.

Deuxième champ d'action considérable entre vous et nous, c'est la nouvelle gouvernance mondiale. J'étais Copenhague pour le sommet sur l'environnement et je verrai cet après-midi le Secrétaire général des Nations Unies. Copenhague fut l'échec d'une méthode de façon caricaturale. Comment cela fonctionne ? Nous avons un Conseil de Sécurité des Nations Unies, avec un certain nombre de membres permanents qui ont le droit de veto. Mais ce Conseil a été défini au lendemain de la seconde guerre mondiale. Savez-vous vous, jeunes étudiants de Columbia, qu'il n'y a pas un seul pays d'Afrique membre permanent du Conseil de Sécurité ? Un milliard d'habitants ! Savez-vous qu'il n'y a pas un seul pays arabe, centaines de millions d'habitants, qui soit membre permanent du Conseil de Sécurité ? Savez-vous que l'Inde, un milliard d'habitants, dans trente ans le pays le plus peuplé du monde, n'est pas membre permanent du Conseil de Sécurité ? Que le Japon, la deuxième économie du monde, n'est pas membre permanent du Conseil de Sécurité ? Pourquoi ? Parce qu'il y a soixante ans, ils ont perdu la guerre. Est-ce que c'est raisonnable ? Savez-vous qu'il n'y a pas un seul pays d'Amérique latine qui soit membre permanent du Conseil de Sécurité ?

Comment voulez-vous, que nous puissions régler dans le cadre de l'ONU les grandes crises, les grandes guerres, les grands conflits si on pense qu'on peut le faire sans l'Afrique, sans les trois quarts de l'Asie, sans l'Amérique latine, sans un seul pays arabe ? Est-ce que c'est raisonnable ? Est-ce que cela a un sens ? Est-ce que c'est même imaginable ? Qui peut croire cela ?

Alors on me dit : « oui, mais il y a l'Assemblée générale des Nations Unies, ils y sont tous membres ». Il y a 192 pays dans le monde, le G192. Alors on passe d'un système au Conseil de Sécurité où on veut régler sans les deux tiers de l'humanité à un système où le dernier qui n'est pas content peut bloquer l'accord de tous les autres. Eh bien les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe, nous devons demander la réforme de la gouvernance mondiale pour faire une place aux continents de demain qui ont le droit qu'on leur demande leurs avis. Comment voulez-vous que le Brésil ou que l'Inde ou que l'Afrique prennent une part de la responsabilité des grands conflits du monde si on ne leur demande pas leur opinion ? Est-ce que cela vous plairait vous, qu'on vous dise : « pour payer tu es le bienvenu, pour donner ton avis, on ne te veut pas ». Qui peut fonctionner avec cela ? Qui peut comprendre cela ? Et donc, avec Gordon BROWN, nous avons déposé le texte d'une réforme provisoire de la gouvernance mondiale et du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

En tant que Président français, j'étais membre du G8. Et je dis : « le G8, c'est difficile d'imaginer qu'il représente quelque chose, puisqu'il n'y a pas la Chine, il n'y a pas l'Inde, il n'y a pas le Mexique, il n'y a pas l'Afrique du Sud ». On me dit : « mais ce n'est pas grave, on les invite à la fin du Sommet du G8 pour le déjeuner de fin de Sommet ». On invitait les cinq représentants de deux milliards et demi d'habitants du monde à faire le tour du monde pour venir déjeuner avec nous. Et on ne voyait pas qu'un jour, c'est le G5 qui refusera d'inviter le G8 et non pas le G8 qui refusera de convier le G5.

Mes chers amis je ne dis pas cela parce que je veux bien me faire voir en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Je dis cela, parce que si nous ne changeons pas la gouvernance mondiale, nous n'avons aucune chance d'apporter une réponse au conflit de demain.

Pour l'Iran, à l'endroit duquel nous devons faire preuve de la plus grande fermeté, qui ne doit pas se doter de l'arme nucléaire, nous avons besoin du soutien de la Chine et de la Russie pour les sanctionner. Donc, il faut que tout le monde soit à bord du gouvernement mondial pour prendre les bonnes décisions et ne pas nous tromper, l'alliance entre l'Europe et les Etats-Unis est fondamentale.

Enfin, nous sommes ici à New York. New York, cette ville martyrisée en septembre 2001, personne ne l'a oublié. Dans la lutte contre le terrorisme, on a besoin de chacun. Vous avez besoin de nous et on a besoin de vous. En me réveillant ce matin, j'avais la nouvelle que nos amis russes, car se sont nos amis, ont eu un attentat. Deux femmes apparemment, se sont fait sauter avec une ceinture d'explosifs dans le métro de Moscou, il y a plus de trente morts. Vous croyez qu'il y a une différence fondamentale entre les fous qui font sauter des victimes innocentes dans le métro de Moscou et les insensés qui ont lancé des avions sur les tours jumelles de New York ? Vous croyez qu'on peut faire les difficiles en classant les terroristes les plus barbares ? Quand New York a été attaqué, c'est toutes les démocraties du monde qui ont été attaquées. Et quand Moscou est attaqué, c'est nous tous qui sommes attaqués. Face au terrorisme, nous ne pouvons pas nous diviser. Lorsque le Président américain est en Afghanistan..., vous savez, en France, ce n'est pas facile d'expliquer que des soldats français meurent en Afghanistan. Mais moi je vous le dis, nous resterons aux côtés de vous en Afghanistan parce que la lutte contre les terroristes, c'est une lutte qui nous concerne tous. Pas simplement les Américains, tous. Parce que je n'ai pas envie que les talibans martyrisent l'Afghanistan et parce que je n'ai pas envie demain que le Pakistan qui a l'arme atomique tombe dans les mains des terroristes. Là aussi, nous avons besoin de travailler ensemble.

Et enfin, si vous le permettez, ce sera ma conclusion avant de répondre à vos questions. J'essaye d'imaginer parfois si j'étais un jeune américain ce que je penserais. Vous avez un pays qui est un continent d'est en ouest, vous avez une réussite sur tout un tas de domaine qui est exceptionnelle, vous avez vos problèmes à résoudre. Mais de grâce, jamais vous ne devez vous recroquevillez sur vous-même. Le monde a besoin d'une Amérique ouverte, d'une Amérique généreuse, d'une Amérique qui montre la voie, d'une Amérique à l'écoute des souffrances et des attentes des autres. Vous êtes très aimés dans le monde, mais on attend beaucoup de vous. Et parfois, quand on vous aime moins, c'est parce qu'on attendait tellement de vous qu'on a eu l'impression d'être déçu.

Lorsque vous avez choisi le Président OBAMA, le monde entier était fier de vous. Le monde entier a espéré en vous. Et je dois dire d'ailleurs, que le débat entre le Président OBAMA et John McCAIN a fait honneur à la démocratie américaine. Et si souvent quand je parle avec le Président OBAMA -et j'ai beaucoup de plaisir à parler et à échanger avec lui- il me dit parfois, « mais tu sais, sur certain sujet comme l'environnement ou la régulation, je suis un peu en avance sur ce que pense l'Amérique profonde ». Mais moi je vous dis une chose, ne soyez pas en retard par rapport à votre Président. Sur la régulation, sur la défense de l'environnement, sur l'écoute des autres. Parce qu'on ne peut pas se permettre, dans le monde du XXIème siècle, d'avoir la première puissance du monde qui n'est pas ouverte sur le monde. Le monde ne s'arrête pas à la côte ouest, et ne s'arrête pas à la côte ouest. Voilà, acceptez ce message d'un Président français qui est votre ami, qui vous admire et qui aime les Etats-Unis d'Amérique.

Je vous remercie.

Si vous avez quelques minutes, je répondrai avec plaisir à vos questions. Soyez aussi libre dans vos questions que je l'ai été dans mon propos.

QUESTION -- Monsieur le Président, merci d'être là. Vous avez dit : « nous admirons votre université » et donc ma question porte sur le plan campus, plus précisément le campus de Saclay. Selon vous quelles caractéristiques des universités américaines doit-on impérativement retrouver sur un cloaster nouveau comme le plateau de Saclay ?

LE PRESIDENT - Qu'est-ce qu'on va reprendre des universités américaines ? La première chose, la plus importante, c'est l'autonomie dont vous disposez. Pour moi, l'Université c'est un lieu de liberté. Ce qui fait la richesse de l'université, c'est la liberté qui s'y trouve. Liberté de choisir vos professeurs, vous vous rendez compte, ici à Columbia vous avez même des professeurs français, c'est dire si vous êtes libres. Moi, mon rêve, c'est qu'il y ait des professeurs américains qui peuvent venir en France sans que cela fasse un drame, sans qu'on parle de nationalisme ou de protectionnisme.

Les programmes de recherche à Columbia, j'ai regardé, c'est votre conseil d'administration, ce sont vos scientifiques qui les définssent. Ce n'est pas à l'Etat de les définir. Quel fut le problème de la France ? De ce point de vue, c'est une mauvaise compréhension du mot égalité. L'égalité n'est pas l'uniformité. L'égalité, c'est à chacun selon son mérite. Ce que j'aime dans le modèle américain, c'est justement la récompense du travail, du mérite, de l'effort, de l'initiative, de l'audace. Cela, c'est la première remarque.

Deuxième remarque, il n'y a pas de campus qui peuvent se développer de manière virtuelle. Et moi, j'en ai un peu assez que des locaux comme cela n'existe qu'aux Etats-Unis. J'ai dans ma délégation des grands scientifiques français, des grands dirigeants de grandes écoles et je pense qu'on ne peut pas travailler sur des campus rétrécis, avec des bibliothèques qui sont fermées le dimanche, dans des locaux dont on considère que le noblesse est inversement proportionnelle à leur état de délabrement. J'ai eu envie d'ouvrir les fenêtres de l'université française, de leur apporter beaucoup de moyens, de les mettre aussi un peu en compétition et de donner plus à ce ceux qui font davantage.

Je souhaite également que les étudiants américains, vous puissiez venir dans nos universités et que nombreux soient les étudiants français qui viennent dans les vôtres. A quoi cela sert-il le monde du XXIème siècle qui est un monde où l'on peut voyager librement, si vous ne pouvez pas venir étudier chez nous et si nous avions des difficultés à envoyer des étudiants chez vous. C'est cela que nous sommes en train de changer en France. Alors le changement c'est difficile, cela heurte des habitudes, cela inquiète. Mais le devoir d'un homme d'Etat, c'est de poursuivre le changement quand il est nécessaire. Au fond, je pense quand un homme politique est élu, il n'a fait qu'un dixième du chemin. Beaucoup de politiques qui m'ont précédé ont pensé qu'être élu, c'était faire la totalité du chemin. Moi je pense qu'être élu, c'est le tout début du chemin. Que les responsables politiques, que les hommes d'Etat comme nous, on doit être comme des chefs d'entreprise, jugé au résultat de ce que nous faisons. Et c'est très exactement la réforme des universités que nous avons engagée en France.

QUESTION - La France compte les meilleurs soins médicaux du monde. Quel est votre avis sur le projet de loi américain qui vise à réformer le système de santé aux Etats-Unis.

LE PRESIDENT - Vous voulez m'amener dans la bagarre américaine. Comme si je n'avais pas assez de la bagarre française. Mais je ne veux pas fuir. D'abord je veux féliciter le Président OBAMA d'avoir réussi cette réforme. Quel que soit ce que l'on pense ici de cette réforme, il voulait la réforme, il l'a menée. Qu'il en soit félicité. Mais si vous voulez que je sois vraiment sincère, vu d'Europe parfois, quand on voit les débats américains sur la réforme de la santé on a du mal à y croire. L'idée que cela fasse un débat d'une telle violence que de pouvoir faire que les plus pauvres d'entre vous ne soient pas laissés dans la rue, seuls sans un centime fasse à la maladie ! Excusez-moi, nous, cela fait cinquante ans que l'on a résolu le problème. Cela nous pose des difficultés, cela coûte cher, parce que la santé ça coûte cher. Mais on ne peut pas laisser les gens mourir comme cela. L'Etat ne peut pas se désintéresser de la situation de ceux qui n'ont pas les moyens d'aller à l'hôpital. Il ne faut pas trop m'immiscer, mais franchement, si vous venez en France, s'il vous arrive quelque chose sur le trottoir, on vous ne demandera pas votre carte de crédit avant de vous accepter à l'hôpital. C'est qu'aux Etats-Unis, chacun puisse se dire la même chose que s'il n'a plus rien, que s'il est démuni de tout, on ne le laissera pas dans la rue. Oui, j'admire le Président OBAMA d'avoir fait ce qu'il a fait. Je vous l'ai dit, alors dans le même temps, j'ai eu beaucoup de respect pour M. McCAIN dont j'ai trouvé que le comportement a été très droit. Et plus généralement tout ce qui se passe aux Etats-Unis, vous savez, on le suit avec beaucoup d'intérêt en France. C'est bien qu'il en soit ainsi, parce qu'il est important que nous tous, dans nos pays, on ne soit pas exclusivement nombriliste, qu'on regarde ce qui se passe chez les autres. Je dis souvent à mes compatriotes, « on n'a pas besoin de réinventer tout ». Moi je voudrais m'inspirer de ce que les autres ont fait mieux que nous. J'aime mon pays. J'en suis fier. Je le représente. Mais quand on se trompe, quand on a pris une mauvaise route, je n'hésite pas à dire, allez, on va s'inspirer de ce qu'on fait les autres pour l'appliquer à nous même. C'est aussi l'avantage de la mondialisation. Bienvenue dans le club des Etats qui ne laisse pas tomber les gens malades.

QUESTION -- Monsieur le Président, comment voyez-vous le rôle de l'Europe à venir, suite aux difficultés économiques de certains des Etats membres de l'Union européenne ?

LE PRESIDENT -- Cela a été un fameux débat. Notamment qui m'a bien occupé avec Mme MERKEL, qui est une personne avec qui..., je sais qu'ici on ne comprend pas toujours comment cela fonctionne l'Europe et que parfois on s'agace de cette Europe. Mais, est-ce que vous vous rendez compte que l'Europe c'est 27 pays, 27 pays qui pendant des siècles se sont fait la guerre, se sont détestés, entre les Allemands, les Français, trois guerres ; entre les Anglais et les Français ; entre les Espagnols et les Français ; entre les Italiens et les Français, cela a toujours bien fonctionné. C'est 27 pays, on a décidé qu'on ferait la paix et qu'on marcherait ensemble. Vous savez, c'est très compliqué pour faire fonctionner cela, mais ça marche. Et à l'intérieur des 27, on est 16 pays qui ont décidé, tenez-vous bien, qu'on aurait la même monnaie. Et quand la Grèce a été attaquée, j'ai fait valoir à mes collègues que ce n'est pas la Grèce qui était attaquée, c'était l'euro, notre monnaie. Donc, il fallait être solidaire. Je me suis beaucoup servi de ce qui s'est passé avec Lehman Brothers ici. Si nous avions laissé tombé la Grèce, alors la crise repartait.

Avec Lehman Brothers, je comprends le raisonnement qui avait été celui de M. PAULSON à l'époque. Pourquoi donner de l'argent du contribuable pour soutenir une banque qui a été mal gérée. On les laisse tomber. Quand vous avez laissé Lehman Brothers dans le monde entier, les épargnants se sont dit alors donc une banque peut faire faillite et la panique s'est emparée du monde entier. C'est pour cela que nous avons décidé de soutenir la Grèce. Et depuis que nous avons pris cette décision chère Christine LAGARDE, les spreads, les taux d'intérêts et la spéculation se sont calmés. Pourquoi ? Parce que les spéculateurs, ils viennent nous chercher. Et tant qu'on ne met pas un mur, ils testent. A la minute où on dit : « très bien, vous nous cherchez, on est prêt à mettre la main pour résister ». A ce moment là, ils ne viennent plus nous chercher. Cela s'appelle la solidarité. Cette solidarité elle est indispensable.

La dernière fois que j'ai eu le Président OBAMA au téléphone la semaine dernière, puisque nous avons une conférence avec M. BROWN, Mme MERKEL, M. OBAMA à peu près tous les mois, Monsieur OBAMA m'a dit : « Et la Grèce, qu'est-ce que vous allez faire ? » Parce qu'il savait bien que la stabilité aux Etats-Unis dépendait de ce que nous, dans la zone euro, nous serions capables de faire ou de ne pas faire. C'est le monde d'aujourd'hui. C'est pour cela que quand la décision avait été prise de laisser tomber Lehman Brothers, on aurait bien aimé qu'on nous demande à l'époque notre avis.

Voilà, cela c'est la solidarité et l'interdépendance.

Peut-être une dernière question.

QUESTION -- Vous avez dit qu'au XXIème siècle, il doit y avoir une coopération économique beaucoup plus large entre tous les pays du monde, non seulement les pays qui font partie du Conseil de Sécurité, mais vous avez mentionné le Japon, l'Amérique latine, les gens qui n'ont vraiment pas de voix. Et vous avez fait l'argument que dans le cas du Japon, ils avaient perdu la guerre. L'Amérique latine on ne l'écoute pas parce que dans le temps c'était des colonies. Donc, quel cadre envisagez-vous pour inclure ces personnes, pour qu'ils aient une voix ?

LE PRESIDENT -- Pour moi le système est très simple. Chaque partie du monde doit avoir deux à trois représentants au sein du Conseil de Sécurité comme membres permanents. Chaque partie du monde doit pouvoir déterminer librement comment il choisit ses deux ou trois représentants. Là encore, le monde n'a pas besoin d'uniformité. Je prends l'exemple de l'Amérique latine. Est-ce que cela doit être le Brésil, l'Argentine ? Est-ce qu'il doive élire leur représentant comme membre permanent ? C'est à eux d'en décider. Nous, la communauté internationale, on doit dire : « on veut comme membre permanent du Conseil de Sécurité un ou deux représentants de l'Amérique latine », à eux de choisir. Cela peut être l'élection, cela peut être à tour de rôle, cela peut être le plus grand comme le Brésil. Qui peut imaginer qu'on puisse gérer les affaires du monde sans ce géant qu'est le Brésil.

Pour les pays africains, il y a une cinquantaine de pays africains. Leur représentant doit-il être l'Afrique du Sud qui à elle toute seule, représente 40% de l'économie africaine ou par exemple ce pays géant comme le Nigeria qui a plus de 100 millions d'habitants. C'est à eux de le déterminer, ce n'est pas à nous. Ce qui compte c'est que parmi les cinq ou six grandes régions du monde, il y ait comme membre permanent du Conseil de Sécurité toutes les régions du monde. Mon ambition, c'est de faire avancer ce dossier très fortement au moment où la France assurera la présidence du G20 et du G8.

J'ajoute un dernier point qui sera un sujet de réflexion pour les universitaires. Je souhaite également la définition d'un nouvel ordre monétaire international. On ne peut plus continuer ainsi. En 1945, vous avez le plan Marshall, vous avez le Bretton Woods à quelques kilomètres de New York. Et pour un an, vous réfléchissez à ce qui sera l'ordre monétaire jusqu'au début des années 70 quand on a mis fin à la convertabilité hors dollars.

Mais mes chers amis américains, le dollar n'est plus la seule monnaie du monde. Le dollar est une monnaie très importante, mais ce n'est pas la seule monnaie du monde. Le yuan, la monnaie des chinois, cela compte. Une partie de votre épargne est dans les mains des Chinois, nous devons inventer un nouvel ordre monétaire international où l'on décide en commun des stratégies sur les taux d'intérêts, où on régule les fluctuations entre nos monnaies. Savez vous qu'entre l'euro et le dollar, au moment où nous avons créé l'euro il y a dix ans, un dollar valait un euro. L'euro est monté jusqu'à 1,50 contre un dollar. Comment voulez vous que nos entreprises résistent ? 50% de compétitivité en moins, comment voulez-vous qu'elles résistent. Et en quinze jours trois semaines, l'euro est passé de 1,50 à un 1,33 aujourd'hui. Qui peut comprendre cela ? Qui peut l'accepter ? Est-ce qu'on peut encore être sur Bretton Woods, il y a 60 ans, ou est-ce qu'on a pas intérêt à réfléchir ensemble à un nouvel ordre monétaire international. Voilà encore un autre sujet passionnant que je porterai en tant que Président du G20. Voilà un sujet dont nous discuterons avec le Président OBAMA. Vous voyez la gouvernance mondial, un nouvel ordre monétaire mondial, un nouveau système pour réguler le prix des matières premières, une nouvelle façon d'encadre la liberté, le libéralisme, l'économie de marché. Voilà ce qui est passionnant pour vous. C'est le monde dans lequel vous allez vivre. Ce monde là, vous ne le construirez pas en lisant les livres avec les théories du XIXème siècle mais en inventant et en pensant les idées dont nous avons besoin pour le XXIème siècle. Et l'excellente nouvelle de tout ceci, c'est qu'aujourd'hui, mes chers amis, Mesdames et Messieurs, tout est à réinviter. Place à l'imagination et à la coopération entre l'Europe et les Etats-Unis d'Amérique.

Merci de votre attention.

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 07:09

http://stephanedesallier.files.wordpress.com/2010/03/session-conseil-regional.jpg?w=425&h=318Les vingt élus de la liste « Ensemble, dessinons la Bretagne » ont constitué lors de la session d’installation du Conseil Régional un groupe politique « Bretagne à venir – Breizh da zont » représenté par Bernadette Malgorn.

« Nous serons une opposition combative et vigilante » ont annoncé Bernadette Malgorn et Jacques Le Guen – les deux porte-paroles du nouveau groupe.

Attentifs au bon fonctionnement de l’assemblée, le groupe par la voix de Bernadette Malgorn, Jacques Le Guen et Bernard Marboeuf, a rappelé au président de séance le règlement intérieur afin que soit remis aux élus « une déclaration écrite présentant les grandes orientations politiques, économiques et sociales de son action pour la durée de son mandat ».

« Sans surprise le discours de M. Le Drian, président renouvelé, a manqué d’ambition notamment par rapport à la jeunesse, dont l’accès à l’autonomie et à l’emploi ne sont toujours pas considérés comme une  priorité. De même, les élus de l’opposition n’ont pas senti de réelle volonté de changement de politique pour rééquilibrer l’Ouest et l’Est de la Bretagne, M. Le Drian s’étant contenté d’annoncer la reconduction pure et simple des anciennes politiques territoriales».

« La composition de l’exécutif accordant six vice-présidences à l’Ille-et-Vilaine et seulement trois au Finistère n’est pas un bon signe »

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 19:33
Image du Blog mamiemiche.centerblog.net

La Semaine Sainte constitue l'un des sommets de la vie de l'Église, qui culmine avec Pâques. L'abbé Pégourier nous propose quelques clés pour mieux en profiter.

Le sommet de l’année liturgique

La Semaine Sainte est la grande semaine de l’année liturgique : elle nous achemine vers le dimanche de Pâques, la solennité des solennités de son calendrier. Elle revêt en outre une caractéristique qui la singularise : c’est une semaine à huit jours. Elle commence le dimanche des Rameaux et se termine, non pas le samedi – qui, en l’occurrence, est un jour a-liturgique, un « jour sans » -, mais le dimanche de la Résurrection. 

Celui-ci est-il un jour de plus, un jour ajouté à la semaine ? Non. C’est le premier d’une ère nouvelle : le premier jour du nouveau-né, du nouveau chef de file de notre Humanité, Jésus ressuscité. 

Le récit de la
Genèse nous rapporte en effet comment notre Créateur a fait l’homme le sixième jour, puis s’est reposé le septième. De même, Jésus notre Rédempteur s’est reposé le septième jour – il s’est endormi dans les bras de la Croix et a reposé au tombeau – pour renaître dans la Gloire le premier jour de la semaine suivante.

Il s’est dépassé par amour

Pendant le Carême, l’Église encourage vivement les fidèles à consentir une conversion profonde ; aussi cette « sainte quarantaine » représente-t-elle ce que l’on a coutume d’appeler un « temps fort ». Mais, pendant la Semaine Sainte, chaque jour est un jour fort : lundi Saint, mardi Saint, mercredi Saint …, suivis du
Triduum pascal, tres dies - étymologiquement « trois jours » - d’une acuité saisissante, qui désignent l’ensemble du Mystère du Seigneur crucifié, enseveli et ressuscité, selon le mot de saint Augustin. Ces trois jours constituent le pivot de l’histoire de notre monde. Ces trois jours transpirent de l’amour excessif du Seigneur pour nous, un amour au-delà du raisonnable – c’est cela le plus fort ! – 

Et nous le contemplerons éblouis :

-          le Jeudi Saint, dans l’institution de sa réalité sacramentelle : l’eucharistie ;

-          le Vendredi Saint : en prenant sur ses épaules le poids écrasant du mal et du péché, Jésus vainc le « mystère d’iniquité » par celui de la suprême justice et du pardon ;

-          le Samedi Saint, jour de l’abandon, que l’Église, après la mort de son Seigneur, expérimente à son tour, et qui souligne la grandeur du salut ;

-          lors de la victoire de Pâques où Jésus sort du sépulcre pour faire passer l’existence perdue des hommes dans la plénitude de Dieu.

Voici que s’ouvrent pour le Roi les portes de la Ville…

Cette hymne de la liturgie des Rameaux ouvre la Grande semaine et nous invite à ouvrir les portes de nos cœurs.
Spalancate le porte a Cristo! Non abbiate paura di accogliere Cristo e di accettare la Sua potestà.Ouvrez toutes grandes les portes au Rédempteur ! La Semaine Sainte est celle de l’holocauste de Jésus qui s’avance, humble et généreux, juché sur son ânon. Il veut s’établir à l’intime de nous-mêmes. Il nous invite à l’accompagner : Laissez-moi la douleur, toute la douleur mais vous, donnez-moi votre cœur. Saint Josémaria souhaitait que ses enfants mesurent leur don personnel à l’aune du sien, et le manifestent par leur cohérence au quotidien. Ne sommes-nous pas en effet capables du meilleur comme du pire ? Il nous faut donc être constants, et faire mourir par la pénitence ce qui nous sépare du Seigneur et nous empêche de suivre ses pas jusqu’à la Croix. Portes, levez vos frontons (…) Qu’Il entre, le Roi de gloire : « Celui qui demeure reclus dans la citadelle de son égoïsme ne descendra pas sur le champ de bataille. Cependant, s’il soulève les portes de force et laisse entrer le Roi de paix, il sortira avec lui pour combattre la misère qui obscurcit nos yeux et insensibilise notre conscience ».

Levons les yeux vers Marie. Elle se montre à nous comme le plus haut modèle de coopération à l’œuvre du salut : son « oui » lors de l’Annonciation ne constitue pas seulement l’acceptation de la maternité proposée ; il signifie aussi et surtout son engagement au service du mystère de la Rédemption dont la Semaine Sainte est le point culminant.

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